Publié le Vendredi 31 mai 2024 à 11h00.

Notre classe dit non à la prison !

Pour la quatrième année consécutive, se tient la journée nationale contre les violences carcérales. Lancée en 2021 par la maman de Idir Mederess au sein du colletif Nous sommes Idir et du réseau Vérité et justice, cette journée vise à dénoncer les mauvais traitements fréquemment infligés aux détenuEs, allant parfois jusqu’à la mort — Idir est supposé s’être « suicidé » — et à obtenir la justice et la vérité pour les victimes, ainsi que la suppression du mitard. Au cours du rassemblement tenu à Rennes face à la prison des femmes, est avancée également la revendication de la suppression des scandaleuses fouilles à nu.

Présenté au mois de mai, le rapport 2023 de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) est accablant... comme chaque année ! Dominique Simonnot y signale encore une fois l’état « dégradé » des sites qu’elle a visités et dénonce encore et toujours la surpopulation carcérale. Chaque mois, le record de la population carcérale est battu, avec la garantie de l’être encore le mois suivant. La mesure, au mois d’avril 2024, est de 77 450 détenuEs pour 61 470 places opérationnelles. Cela signifie que, selon la loi, près de 16 000 personnes ­incarcérées ne devraient pas l’être !

Les conditions de détention sont dramatiques dans les maisons d’arrêt (courtes peines et détention préventive). Avec un taux d’occupation moyen de 150 % (avec des pointes à 250 %), la promiscuité augmente, les « bâtiments se dégradent vite », l’hygiène est « défaillante ». Simonnot continue en vain de préconiser la mise en place d’un système de régulation qui a, cette année, fait l’objet d’un projet d’amendement de députéEs Nupes dans le cadre de l’examen du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice.

Nous savons depuis longtemps que l’incarcération repose sur une injustice de classe... Alors pourquoi les organisations syndicales et politiques de notre classe se désintéressent-elles autant des questions liées à la prison ? N’est-il pas temps de mettre sérieusement en débat dans nos organisations les revendications démocratiques que nous devrions porter pour améliorer le sort des incarcéréEs, juguler les politiques du tout-­enfermement, nous opposer à la construction de nouvelles prisons, obtenir enfin la régulation tant demandée par touTEs maintenant ? Et quand oserons-nous poser dans nos organisations le débat de l’abolition de la prison, de ses alternatives, d’une justice réparatrice ? À quand un grand mouvement de masse de notre classe pour empêcher ­l’­enfermement de tant d’entre nous ?

Anna Ralebolle