Publié le Samedi 29 mai 2010 à 09h18.

People&baby : en lutte pour la réintégration

Interview de Sophie et Marion, salariées de l’entreprise People and Baby qui travaillent dans la halte-garderie Giono dans le 13e arrondissement de Paris, structure de neuf salariées, dont six en contact permanent avec les enfants. Elles y luttent contre des licenciements abusifs... Vous vous êtes fait licencier de votre halte-garderie. Que s’est-il passé ?On avait de mauvaises conditions de travail et des pressions incessantes de la part de la direction. Nous avons été six à prendre la décision de nous syndiquer à la CNT. Un lundi, nous nous sommes mises en grève et le mardi, nous avons été mises à pied !  Quels motifs la direction a-t-elle utilisé pour justifier votre mise à pied ?Des motifs bidons : refus d’appliquer des directives concernant l’hygiène et la sécurité. Nous avons même eu droit à un dossier photos avec de la mort-aux-rats dans une caisse de jeux.  Ça n’a pas l’air de tenir la route, ça n’est pas très crédible ?Non d’autant plus que la médecine du travail a effectué une visite à la garderie et a constaté que les faits reprochés aux employées étaient de la responsabilité de la direction. En plus, chaque année nos évaluations individuelles étaient excellentes et prouvaient notre respect des normes d’hygiène et de sécurité.Donc c’était clairement de la répression antisyndicale ?Oui ! Pour nous, il n’y a aucun doute ; même l’inspection du travail va dans ce sens en envoyant un courrier au PDG et lui demandant de retirer ses sanctions.  Après vos mises à pied, comment avez-vous réagi ?Nous nous sommes tout de suite organisées et nous sommes restées très soudées. Nous avons fait des rassemblements devant l’Hôtel de Ville de Paris, des occupations du siège de People and Baby et de la garderie. Nous avons manifesté le 1er Mai et nous avons poursuivi jusque sous les fenêtres du domicile du PDG en criant : « Patron, voyou ! On te retrouvera partout ! » Et les parents, comment ont-ils réagi ?Ils ont été choqués de devoir confier leurs enfants à des inconnus et de nous voir partir en pleurs. Les enfants ont perdu leur place à la sieste et le projet pédagogique initial a brutalement changé. Du coup, les parents ont monté un comité de lutte et viennent à nos actions.  Et quel est le rôle de la mairie de Paris dans tout ça ?En fait, nous travaillions dans une association ayant une délégation de service public (DSP) accordée par la municipalité et dont les locaux appartenaient à la mairie. Dès 2006, après l’ouverture au marché européen, la DSP fut transformée en « marché public » et la mairie de Paris confia la gestion de la halte-garderie à une entreprise privée : People and Baby.  Que va-t-il se passer maintenant ?Nous ne lâcherons rien ! Nous sommes de plus en plus nombreux et nombreuses. Nous avons notamment reçu une lettre de soutien des Conti. Et dans le 13e arrondissement, plusieurs organisations nous soutiennent et nous aident. Nous continuerons de lutter pour la réintégration de toute l’équipe à Giono. Un coup porté contre un est un coup contre tous.