J’ai 90 ans et une aide-soignante employée par une association agréée assure mon « habillage ». Cette aide change chaque jour pour éviter que les personnes âgées qui ont tendance à développer des liens avec les employées qui les soignent ne soient tentées de s’y attacher. L’association gestionnaire est stricte sur ce point. Il y a quelques temps, j’ai contracté une bronchite et j’ai donc informé l’aide que je n’irai pas à la douche ce jour-là. Celle-ci a alors déclaré qu’elle me laverait « là », c’est-à-dire sur mon canapé où j’ai l’habitude de rester. J’ai dit « non » et elle a alors rempli une bassine, jeté un gant de toilette. D’une main elle m’a giflée et de l’autre m’a aspergée avec le gant ruisselant. J’ai crié « au secours, elle me bat ». Ma voisine a alors appelé les pompiers. Pour ma part, malgré mes faibles forces, j’ai essayé de lui rendre la pareille. Mais c’était la lutte éternelle du pot de terre contre le pot de fer. Les pompiers, arrivés rapidement et au vu de mon cou rouge gonflé et de la situation, m’ont emmenée à l’hôpital pour un contrôle général et une vérification de mon état. Enfin, retour à mon domicile. Je n’avais rien de cassé. La direction de l’association qui emploie les aides de vie et que j’ai évidemment sollicitée s’est ensuite étonnée de l’événement et a interrogé l’aide qui a déclaré n’avoir jamais frappé qui que ce soit. La morale de cet épisode touche aux limites de la méchanceté envers les personnes âgées et elle est évidente et sage : « Sois vieille et tais-toi ». Mais, ce jour-là, j’ai résisté. Combien subissent insultes et humiliations durant leur grand âge ? Plus que l’on ne croit. Paulette, comité NPA Paris 14e