Publié le Jeudi 28 octobre 2010 à 23h05.

Un Observatoire… borgne

Le syndicaliste CGT Charles Foulard est poursuivi en justice par l’Observatoire de vigilance contre l’antisémitisme, pour avoir déclaré après l’évacuation violente du site occupé de Grandpuits par la police : « Il y a eu les rafles de Pétain, on a aujourd’hui les rafles des acquis sociaux ». L’Observatoire a l’indignation sélective. Qu’a-t-il dit lorsque Sarkozy, à l’université d’été du Medef, a déclaré qu’il est inutile d’enseigner l’épisode de Vichy si la justice accepte les dénonciations anonymes de patrons ? Il s’est fait applaudir à tout rompre par le Medef, ravi que le président ait comparé les patrons voyous aux victimes juives de la Collaboration. Lorsque Carla Bruni-Sarkozy, mécontente des articles que des journaux lui consacrent, a comparé la presse d’aujourd’hui à celle de Vichy, qu’a dit l’Observatoire ? Lorsque Goasguen, maire UMP du 16e arrondissement, au Conseil de Paris qui lui reprochait l’insuffisance de logements sociaux, répond que si ça continue, ses administrés « devront porter l’étoile jaune », qu’a dit l’Observatoire contre cette comparaison honteuse de sa politique de ghetto de riches avec les victimes juives du nazisme ? Cécité volontaire ? Lundi soir, on a vu à la télévision, Parisot et Estrosi sommer Thibault de s’expliquer sur le mot « rafle » employé par Foulard. Rappelons que ce mot existe depuis le xixe siècle, bien avant celle du Vel’ d’Hiv’, et a été officiellement employé pour désigner les arrestations collectives pendant la guerre d’Algérie. C’est à juste titre que le RESF dénonce les rafles organisées pour atteindre les objectifs de la politique du chiffre. Il faut appeler un chat un chat, et une rafle une rafle, sans que cela renvoie à la Shoah. Et ce n’est pas au gouvernement le plus réactionnaire depuis Vichy, qui détruit méthodiquement tous les acquis sociaux de la Libération, comme l’a cyniquement analysé Kessler, l’ex-numéro 2 du Medef, de donner des leçons !