«On veut les noms » ! C’est le mot d’ordre, devenu un mot-clé largement repris sur les réseaux sociaux, qui a suivi la diffusion vendredi dernier d’un reportage de M6 tourné en caméra cachée et montrant sans détour l’organisation de dîners parisiens tout à fait clandestins. Luxe du cadre et des tables, menus pouvant aller jusqu’à près de 500 euros par tête de pipe, participants et serveurs sans masques de protection et ne respectant aucun geste barrière… La vie, la vrai, tout à fait bourgeoise, pour ceux qui sont dans les bons réseaux... et peuvent mettre la main au porte-monnaie !
Dans une interview au départ anonyme, l’un des organisateurs, le collectionneur Pierre-Jean Chalençon, fanatique de Napoléon et grand ami du ban et de l’arrière ban d’extrême droite, y affirmait même avoir déjeuné avec des ministres… Affaire dans l’affaire, l’amateur d’art, ami de Le Pen et de Dieudonné, a dû sous la pression médiatique et la polémique qui s’en est suivi, se déjuger, arguant d’une vaste blague faite pour le 1er avril, tant en ce qui concerne l’organisation de ces dîners très chics que de la présence de membres du gouvernement.
On peine à y croire, tant l’existence de tels lieux de restauration de luxe sous confinement est visiblement un secret de polichinelle, à commencer par le club privé ouvert par le chef Christophe Leroy. Un dîner « champagne et caviar » dont les invitations et menus, accessibles jusque-là en ligne, ont subitement disparu ces derniers jours… « Une course à l’oseille » qui va directement dans la poche des organisateurs (pour reprendre les termes d’un ancien participant).
La colère légitime contre ceux qui préparent la soupe – et la vendent très chèrement – ne saurait faire oublier la révolte légitime contre ceux qui la mangent, à prix d’or. Au moment où les privations de liberté et les sacrifices pour l’ensemble de la population sont une nouvelle fois le quotidien que nous propose le pouvoir pour répondre à cette catastrophe sanitaire, une toute petite minorité, « ceux d’en haut », n’entend visiblement pas souffrir de la situation, au mépris même de la santé publique et des règles qu’ils imposent à touTEs. Une photographie bien indigeste de ce qu’est cette société de classe.