Publié le Mercredi 29 avril 2009 à 17h55.

Valéo : licenciements boursiers....

L'équipementier automobile français Valeo a décidé de supprimer 5004 postes dans le monde, dont 1607 en France. Les différentes usines de l'Hexagone se sont mises en grève. 

Quoi qu'il en dise, le groupe Valeo se porte très bien malgré la crise dans l'automobile. Si ses résultats 2008 sont déficitaires, c'est que 275 millions d'euros ont été provisionnés pour financer de massives suppressions d'emplois. Valeo a fait 62 millions d'euros de bénéfices en 2008, offrant un parachute de 3,2 millions d'euros à son ancien patron. Elle veut satisfaire ses actionnaires en « réduisant le coût du travail », selon un plan prévu bien avant la crise.

Sa stratégie consiste à faire des licenciements « volontaires », avec peu d'indemnités, avant fin juillet 2009, pour passer ensuite à des licenciements secs. Elle ne tient aucun compte de propositions alternatives faites au Comité européen de l'entreprise. Il est pourtant difficile de justifier des licenciements alors que l'activité reprend et que des intérimaires sont déjà de retour sur certains sites.

Le 16 avril a démarré la grève pour tous les sites Valeo - le 14 avril à Amiens - sur les revendications de refus des licenciements et d'augmentation des bas salaires. Beaucoup de sites ont bloqué les camions de livraison. Certaines chaînes de montage (Renault, PSA, Toyota) se sont arrêtées par manque d'approvisionnement en pièces Valeo.

Partout, la direction a profité de la faible présence des bloqueurs pour mobiliser les « blouses blanches » (techniciens, ingénieurs et cadres) en les faisant sortir à plusieurs reprises pour imposer un rapport de force face aux grévistes, se mettant en chaîne pour les écarter et faire passer les camions. Elle n'hésite à recourir massivement aux services d'huissiers, présents de 6 heures à 22 heures, pour tenter d'intimider les grévistes et a utilisé des méthodes de commando pour faire sortir quelques pièces. Dès le départ, la direction a hurlé qu'elle ne donnerait rien et elle a tenu. 

Malheureusement, les différentes intersyndicales se sont rapidement laissées enfermer dans des négociations n'ayant rien à voir avec les revendications initiales et se sont empressées faire cesser la grève et le blocage des camions en signant des prétendus « accords de fin de conflit ».

A Amiens, on a eu juste une avance sur des primes trimestrielles de rendement et des promesses qui, comme d'habitude, ne seront pas respectées. A l'usine de La Suze (Sarthe), où 321 postes doivent être supprimés sur 629, les syndicats ont signé un accord de fin de conflit insatisfaisant, après huit jours de grève, sans consulter les grévistes en pleine manifestation.

La leçon de cette grève tient en deux choses. Les négociations ne doivent pas se faire en catimini mais devant les piquets de grève. Pour gagner et empêcher les licenciements, il faut que tous les salariés s'unissent et fassent grève en même temps pour tout bloquer (routiers, livraison, production, intendance, etc.). 

Correspondants