Vendredi 3 juillet, notre camarade Philippe Poutou est venu apporter son soutien aux intérimaires sans-papiers en lutte (voir l’Anticapitaliste n°296). Dans ce local de 50 m2 où ils se relayent à plus d’une centaine pour assurer une occupation permanente avec quelques matelas et une porte pour toute ouverture, ils incarnent à la fois une grande précarité et une totale détermination.
Avec un grand souci de précision, ils ont résumé à Philippe leurs revendications et les principaux épisodes de la lutte épuisante mais inlassable qu’ils mènent depuis le 10 juin. Leur revendication – commune aux quelque 500 intérimaires de Montigny-le-Bretonneux, de Poissy et des Mureaux mobilisés contre les agences d’intérim Adecco, Manpower ou Randstadt – est simple : obtenir les « attestations de concordance » validant les missions d’intérim réalisées sous des noms d’emprunt pour pouvoir engager auprès de la préfecture leur régularisation.
Si ici le bras de fer se poursuit depuis plus de 3 semaines, c’est que l’enjeu financier pour Adecco est de taille. Pour illustrer l’avantage pour les patrons d’employer des sans-papiers, l’un d’entre eux évoque un travail de plus de 50 heures par semaine pour une rémunération de 600 euros… par mois ! Autre enjeu financier, les pénalités pour embauche illégale. Les patrons rusent en parlant d’« usurpation d’identité » prétendument inconnue d’eux...
Pour défendre ses intérêts, Adecco a donc préféré l’attaque à la négociation, et a porté plainte contre l’occupation auprès du TGI de Versailles. Les sans-papiers, qui se sont syndiqués en masse, ont été représentés au tribunal par la CGT et ont pour l’instant collectivement gagné : Adecco a été débouté de sa plainte. Mais ils redoutent maintenant une procédure en appel et surtout des attaques plus individualisées. Le passage de la police pour demander à chacun « ses papiers » et son identité les inquiète beaucoup, et aucun d’entre eux ne sort désormais seul...
La direction s’accommode fort bien de les laisser confinés entre quatre murs, avec le sombre calcul que le temps et la chaleur jouent contre eux. Mais les intérimaires ne se laissent pas intimider, et veulent porter leur combat au grand jour, l’étendre. Une victoire, même partielle, ouvrirait une brèche dans la forteresse de l’intérim.
En échangeant avec Philippe Poutou, c’est au porte-parole qu’ils se sont adressés, lui demandant de faire écho à leur lutte et de la soutenir. C’est ce à quoi Philippe s’est engagé, par tous les moyens dont dispose le NPA.