Le CPN des 12 et 13 mai a adopté à une large majorité la motion suivante (extrait) : « La réunion nationale des 7 et 8 juillet vise à permettre les discussions sur le bilan de la période électorale de la présidentielle et des législatives ainsi qu'à se prononcer sur notre orientation face à la nouvelle situation politique qui en résultera jusqu'au congrès. […] Des résolutions différentes pourront être proposées en cas de désaccord. Elles seront enregistrées par le CPN qui se déroulera sur une seule journée le week-end du 23 et 24 juin ». Au cours de ce CPN, et à la suite d’un débat contradictoire, cinq plateformes électives ont été enregistrées. En outre, une motion fera l’objet d’un envoi national sans être le support d’une plateforme nationale : « Pour une démarche de refondation ».
Plateforme EPour une réorientation radicale du parti, seule façon de le sortir de sa crise
Ce CPN, réduit à la moitié de son effectif, avait pour but d’enregistrer les textes présentés pour la réunion nationale. Le bilan de la campagne électorale a été assez rapide, la P1A l’estimant globalement réussie, la GA la jugeant nulle et la P2 ne disant presque rien. Pour notre part, nous avons souligné les aspects positifs autant que les limites : une voix ouvrière, anticapitaliste, écologiste et lutte de classe s’est fait entendre ; mais elle est restée floue sur le programme politique et le projet de société, nos « mesures d’urgence » sont apparues plus radicales que le FdG, mais sans se distinguer du réformisme faute de mettre en avant la nécessité d’un gouvernement des travailleurs, l’expropriation des grands groupes capitalistes, le projet socialiste. Quant aux perspectives, la GA a confirmé sa demande que le NPA intègre le FdG. Elle sait bien sûr que cette proposition sera ultra-minoritaire, mais il s’agit pour elle de médiatiser son départ. La meilleure réponse serait donc que la CN vote vite sur ce point, puis qu’on passe aux débats de fond. Or la P1A en profite pour dramatiser avec un chantage à l’unité : soit on vote sa plateforme (F), soit le parti va à la catastrophe... Pourtant, c’est ce genre de « méthodes » et d’« orientations » qui déboussole et démoralise les camarades ! Car ce texte est une fois de plus vide sur le programme comme sur les priorités d’implantation et d’activité, mais se focalise sur le FdG, entretenant le flou complet, notamment par l’idée d’un « front politique » avec lui. C’était en effet une condition pour un accord avec la partie de la GA qui veut rester. La majorité de la P2, elle aussi au nom de l’unité du parti, a passé tout le CPN à tenter d’obtenir encore une fois un accord au sommet avec la P1A. Or celle-ci a refusé un accord total puisqu’elle veut aussi « l’unité » avec sa propre droite... La P2 a donc finalement été poussée malgré elle à faire sa propre plateforme (I), mais sans même osé assumer un vrai texte, se contentant de deux amendements à celui de la P1A. La capitulation n’est certes pas complète, mais cela n’a rien à voir avec une orientation alternative ! Nous rejetons pour notre part la « méthode » consistant à éluder les discussions politiques au moment même où l’on prétend donner la parole aux camarades et aux comités. Si le parti est en crise, ce n’est pas tant à cause des divergences que parce qu’elles ne sont pas débattues, en particulier les questions de programme et d’implantation. De plus, beaucoup de camarades se saisissent à juste titre de la CN pour dénoncer les problèmes de fonctionnement et de démocratie ; nous avons proposé que ce soit un point spécial de la CN, dont la préparation même est déplorable puisque les textes n’arrivent aux camarades que trois jours avant les premières AG. Sur le fond, nous avions proposé à la P2 d’élaborer ensemble une plateforme, ce que sa direction a superbement ignoré au profit des tractations avec la P1A. Nous l’avons proposé aussi à la Fraction l’Étincelle, qui n’était pas pour ces tractations (bien qu’elle ait été jusque-là partie prenante de la P2 et de ses accords avec la P1A). Mais elle a préféré présenter sa propre plateforme qui recoupe les deux amendements de la P2 en les développant d’une façon qui nous convient largement, mais cela ne suffit absolument pas à définir une orientation globale en termes de projet politique, de programme et d’internationalisme. Dès lors, nous maintenons la plateforme (E) pour une réorientation radicale du NPA, seule à même de le sortir de sa crise : indépendance à l’égard du FdG ; défense d’un programme de transition qui ouvre sur notre projet de société socialiste ; tournant vers l’implantation dans le monde du travail et les luttes ; internationalisme.
Daniela, Ludivine, Ludovic, Marie, Vincent
Plateforme F La motion de rassemblement
L’enjeu de cette réunion nationale (RN) est de réaffirmer le plus largement et le plus fortement possible la nécessité de construire un parti anticapitaliste indépendant. Nous voulons prendre appui sur notre courte histoire et les acquis de nos campagnes pour rassembler nos forces dans la continuité de l’orientation que nous y avons défendue, face au contexte nouveau que créent l’arrivée de la gauche libérale au pouvoir et l’accentuation de la crise. C’est dans cet état d’esprit que nous avons rédigé le texte de notre plateforme. Il est le produit d’un travail de rédaction collectif dans le cadre de la réunion d’écriture issue de la commission de préparation de la RN puis du CPN et auquel ont participé des camarades de la P1A, de la P2, de la position B, de la GA restant au NPA, du NPA d’action, du réseau libertaire, des « non-alignés du 13 ». Il s’agit d’une motion qui vise au rassemblement de notre parti au moment où sa crise aboutit à une scission. La motion de la GA va jusqu’au bout de la rupture en décidant de rejoindre le Front de Gauche. Nous sommes convaincus que ce choix est une erreur au regard du projet du NPA, celui du regroupement des anticapitalistes pour la transformation révolutionnaire de la société. Le projet du Front de Gauche est celui d’un mouvement antilibéral réformiste souvent intégré aux institutions. Ce n’est pas le nôtre. Même pour influencer, entraîner avec nous ses militants, nous avons besoin de préserver notre indépendance, indispensable pour développer notre propre politique, défendre nos réponses à la crise, intervenir dans les luttes et les mobilisations, faire vivre dans les syndicats un courant lutte de classe opposé aux politiques du dialogue social. Pour ces raisons, le NPA n’intégrera pas le Front de Gauche même si un travail est possible et nécessaire avec lui et ses militants. La texte de la plateforme F est signée par des membres de l’ensemble des sensibilités qui ont participé à sa rédaction sauf des camarades de la P2 qui s’en sont dissociés autour de deux amendements qui ont abouti à une plateforme différente. Ces amendements ne faisaient pas accord parmi l’ensemble des participants à ce travail de rédaction. Le premier sur le Front de Gauche reprend des formules qui ne faisaient pas consensus, le deuxième écarte l’idée de redonner l’initiative aux comités tout en tranchant un débat sur la place des élections dans notre bataille politique en formulant une critique implicite de nos campagnes, critique non discutée ni partagée par tous. Méfiants vis-à-vis de la nécessité du rassemblement s’adressant en particulier aux camarades de la GA qui ne souhaitent pas partir ou qui s’interrogent, divisés sur la politique à avoir vis-à-vis du Front de Gauche, ces camarades ont préféré maintenir leurs amendements. Nous le regrettons d’autant plus que les volontés de rassemblement étaient bien réels de part et d’autres et que la plateforme I reprend l’essentiel de notre texte élaboré ensemble. Sans doute une étape vers de nouvelles évolutions... Il ne faut pas se tromper de rythme ni de moment. Cette RN n’est pas le congrès. Elle vise à nous rassembler pour construire et relancer le NPA. Elle doit permettre à l’ensemble des camarades de reprendre la parole pour élaborer ensemble une orientation dans la perspective de construire une opposition de gauche au gouvernement, de retrouver la confiance, des liens démocratiques pour préparer notre congrès, nous tourner vers l’extérieur, vers le monde du travail et la jeunesse, refonder notre parti.
Plateforme G Reprendre pied sur le terrain politique
C'est dans une situation d'affaiblissement et d'isolement mortels que le NPA va tenir sa prochaine conférence nationale. Notre parti se trouve désormais dans une impasse. Cinq textes sont proposés au vote de ses membres. Pourtant, seuls deux choix sont possibles : quatre des positions développées conduisent à admettre et finalement théoriser notre relégation hors du champ de vision de la population en général et de l'essentiel des militantEs et des réseaux actifs au sein de la gauche radicale et du mouvement social. Il faut au contraire faire le choix de réintégrer un espace de confrontation stratégique et politique en nous inscrivant résolument dans la construction d'un front social et politique, nécessairement large. C’est ce que propose la Gauche anticapitaliste au NPA. La PF se contente d’une posture abstraite et atemporelle, muette sur les principaux enjeux de l’heure. La PI propose de clarifier cette position en caractérisant plus nettement le Front de Gauche comme un adversaire politique, et en relativisant la place des élections, ce qui permet de résoudre simplement un problème compliqué. Il est vrai qu'étant donné le désastre politique et financier de la séquence électorale qui s’achève, on peut comprendre la pente suivie par des camarades par ailleurs peu attachés au suffrage universel. Nous pensons qu’il faut partir de deux idées clés :1. L'espace politique à gauche du social-libéralisme, potentiellement hors de l'hégémonie du PS, ne peut être occupé et consolidé qu'à condition de proposer une orientation s'adressant à l'ensemble du spectre antilibéral et anticapitaliste pour l'unir sur une orientation claire et indépendante. 2. La consolidation et l'élargissement de cet espace constituent notre tâche prioritaire face à la crise et aux confrontations qu'elle va provoquer en Europe.On ne peut dès lors s'adresser à celles et ceux que nous entendons mobiliser et polariser que dans le cadre d'un jeu de confrontation et d'alliance avec les autres forces prétendant exercer une hégémonie au sein de la gauche antilibérale. Il ne s'agit pas d'unité à tout prix mais d'opérer et d'intervenir à partir des démarcations essentielles : la construction de processus de mobilisations populaires, indissolublement sociaux et politiques, la défense et le développement de l'auto-activité des masses, l’indépendance par rapport au social-libéralisme... Quel est le lieu d’où cette bataille peut être menée aujourd’hui ? À coup sûr pas le NPA en tant que tel, compte tenu de ce qu’il est devenu : une force restreinte, marginalisée et perçue comme sectaire.Est-elle possible hors du périmètre délimité par l'écho de la campagne du FdG à l'élection présidentielle, hors des organisations, des militantEs et réseaux militants, de l’électorat qu'il polarise désormais ? Il est évident que non. Inscrire cette perspective dans les coordonnées réelles de la situation c'est pour nous poser dès maintenant la perspective de la fondation au sein du FdG d'un « troisième pilier », regroupant la gauche radicale, anticapitaliste et écosocialiste. Cette fondation suppose de s'adresser de manière large aux militantEs du mouvement social et de la gauche radicale et écologique – y compris à toutes celles et tous ceux, qui furent un temps (trop brièvement souvent) polariséEs par le NPA à ses débuts. La contribution de ce regroupement au FdG est nécessaire à son élargissement démocratique. Un troisième pilier au sein du FdG pour regrouper de manière autonome la gauche radicale et écosocialiste, pour élargir et transformer le FdG et contribuer à la construction des résistances unitaires, pour peser dans les confrontations futures et les recompositions à venir.
Gauche anticapitaliste
Plateforme HSi « unir » est le maître mot du NPA, il faut s’en donner les moyens
Pas une réflexion dans le NPA qui ne parte de la situation présente, victoire des socialistes dans ces élections mais arrogance du patronat à présenter à nouveau la note aux classes populaires. Face aux annonces de licenciements qui frappent l’opinion, mais surtout de plein fouet des familles ouvrières, le nouveau gouvernement bredouille et s’embrouille, mais néanmoins peaufine sa combine de « redressement productif » qui consiste à prélever sur le budget de l’État de quoi offrir sous diverses formes au patronat une main-d’œuvre quasi gratuite. Ce que les travailleurs vont payer triplement : en tant que contribuables, en tant qu’usagers de services publics de plus en plus dégradés, et en tant que salariés qui n’en subiront pas moins les licenciements. Sans parler de la stagnation des salaires, en particulier du Smic qui ne va guère carburer avec l’aumône d’un demi plein par mois. Mélenchon a choisi le tapage médiatique, au demeurant raté, sur un terrain exclusivement électoral et maintenant il boude. Les chefs syndicaux ne cachent pas leur disposition à des compromis lors de cette conférence proposée par le gouvernement. À ce jour, le Front de Gauche et ses multiples relais dans les hautes sphères syndicales froncent les sourcils et font la moue devant les mesures proposées par le gouvernement Ayrault... mais roulent pour lui. Alors les interpeller ? Laisser croire en le faisant avec quelque insistance que dans les mois à venir le sort de dizaines de milliers de travailleurs, à PSA, GM ou Renault, Air France ou Sea-France, Carrefour ou ailleurs, dépendrait d’un front avec ces dirigeants syndicaux et politiques-là ? Ne dépendrait-il pas davantage d’un élan volontariste des révolutionnaires et anticapitalistes de ce pays, à commencer par ceux du NPA, dont l’influence sur un terrain de classe excède les scores électoraux, pour entamer une campagne hardie pour l’interdiction des licenciements, des embauches massives dans les services publics, une augmentation générale et conséquente des salaires, entre autres ? Car foin des interpellations dans le vide, passons d’abord à la réalisation, à la préparation d’une campagne de rentrée digne de ce nom à la différence de quelques-unes du passé restées sur le papier. Une campagne menée par le maximum de camarades du parti. Où rien ne dit que nous ne pourrions pas y entraîner d’autres, parmi les travailleurs du rang, comme parmi les militants politiques et syndicaux du rang… voire au-delà si une pression d’en bas en poussait quelques-uns d’en haut au cul ! Que serait une telle campagne en direction des travailleurs et de la jeunesse ? De la simple propagande si elle n’éveillait pas d’échos. Mais pourquoi pas de l’agitation, voire des interventions qui pourraient être le point de départ à des luttes et à des convergences, si la colère saisissait l’occasion de s’exprimer ? Cela épaulerait nos efforts indispensables d’implantation dans le monde du travail et dans les entreprises. Mais la condition nécessaire pour rassembler derrière un programme de lutte, c’est de nous rassembler nous-mêmes dans cette tâche militante. Le NPA veut soulever le monde, aux côtés de tous les travailleurs et les peuples frappés par la crise. Il ne fera pas l’économie de trouver tout de suite et maintenant son propre levier.
Aurélien (75), Hervé (91), Maria (75), Zara (93)
Plateforme I Rassembler sans faux-semblants
Le premier objectif de cette réunion nationale (RN) est de permettre à tous ceux qui veulent continuer le NPA de le montrer. Il est donc capital que tous les militants se déplacent pour voter, et votent pour un autre texte que celui présenté par la Gauche anticapitaliste, texte qui renonce à un parti anticapitaliste indépendant pour rejoindre le Front de Gauche. Le deuxième objectif est de tirer les bilans de cette année électorale et d’analyser la situation pour avancer. Ce qui nous a rassemblés autour de la campagne Poutou nous donne des responsabilités, tout comme l’arrivée du PS au pouvoir, avec dans sa valise parlementaire un Front de Gauche discret mais bien présent. Le NPA doit maintenant se rassembler pour mobiliser face à la crise et au gouvernement, construire une opposition de gauche au gouvernement Hollande dans les luttes et, après des mois consacrés aux débats internes et aux élections, reprendre le travail d’implantation dans les quartiers populaires, les entreprises et les débats stratégiques sur le rôle et le fonctionnement du parti. Nous avons donc souhaité qu’un texte rassemble à cette RN l’ensemble des militants qui ont soutenu la campagne Poutou, quel que soit leur vote à la CN de juin 2011. Malheureusement, les camarades des plateformes E et H ont fait le choix d’écrire des textes séparés, mettant au second plan ce qui nous rassemble pour cliver à un moment où le parti doit au contraire reprendre confiance et s’homogénéiser dans une pratique commune. Malheureusement aussi, les camarades de la plateforme F ont préféré cliver sur deux points de fond. Ils sont refusé d’indiquer que le Front de Gauche est intégré aux institutions et que nous avons des désaccords stratégiques avec lui ! Et refusé d’écrire que notre participation aux élections est subordonnée au reste de notre orientation, de notre objectif de construire un parti pour les luttes, implanté dans les quartiers populaires, la jeunesse, la classe ouvrière… Les choix de ces camarades sont pour nous des faux-semblants : le résultat d’une volonté pour les uns de se différencier à tout prix ; pour les autres de nier certaines évidences pour tenter des alliances d’appareil avec des camarades passés par la GA. Notre parti mérite mieux : les camarades passés par la GA qui refusent de quitter le NPA savent pourquoi ils le font : justement parce qu’ils considèrent que les directions du Front de Gauche sont intégrées au capitalisme, justement parce qu’ils veulent un parti indépendant, non subordonné aux institutions. C’est pour cela que, quelles ques soient nos divergences, que nous soyons P2, P1A, réseau libertaire, hors tendances ou autres, nous voterons plateforme I. Pour agir ensemble dans le respect de chacun, pour construire un parti pour la transformation révolutionnaire de la société, pour reprendre les débats de fond dans le parti.
Antoine Larrache, Armelle Pertus, Gaël Quirante, Jean-Francois Cabral, Jean-Philippe Divès, Mathilde Stein, Thibaut Michoux, Marie-Hélène Duverger