Direction élargie du NPA, le CPN s’est réuni samedi 2 et dimanche 3 juillet. L’enjeu était de faire le point sur la situation, en particulier politique, à l’issue de la longue séquence électorale et d’envisager le rôle du NPA à la lumière de celle-ci.
La réunion s’est ouverte sur un temps long de trois heures d’échanges et de débats afin d’analyser les tendances lourdes qui marquent la situation. Dans ce cadre, et après une suspension du CPN pour participer à la manifestation parisienne en faveur de la défense de l’avortement, un focus particulier a été mis sur le développement inquiétant des extrêmes droites dans la dernière période, focus discuté avec des camarades de la Commission nationale antifasciste du NPA.
Une nouvelle étape de la crise de domination et de légitimité des possédants
C’est l’ensemble des échanges de cette première journée de réunion qui a conduit à l’adoption d’une résolution sur la situation (majoritaire à près de 57 %). Dans celle-ci, nous posons en préambule que « les résultats des élections législatives approfondissent les tendances lourdes de la présidentielle. Le rejet des forces politiques considérées comme responsables de la crise multiforme du capitalisme s’exprime dans la structuration de trois blocs. Cela crée une situation imprévue, inédite depuis 1958, une nouvelle étape de la crise de domination et de légitimité des possédants. Révélatrices d’un durcissement de la lutte des classes, elle peut déboucher sur des issues contradictoires pour notre camp. Le désaveu du projet néolibéral de Macron qui s’est exprimé dans les urnes pourrait ouvrir la voie à de nouvelles mobilisations, poursuivant la reconfiguration de la gauche ou, inversement, se concrétiser par une nouvelle offensive de l’extrême droite et un renforcement de son poids politique sur la situation. »
En particulier, « l’extrême droite a réussi à infuser suffisamment ses idées pour capter la colère anti-Macron. Marine Le Pen a continué sa campagne sur la question du pouvoir d’achat pour capter le vote des classes populaires. Le processus de banalisation du RN a en outre été accéléré par la banalisation du racisme dans les discours politiques et médiatiques ainsi que par le tournant autoritaire pris par Macron. L’effondrement du récit autour du front républicain et de la logique du barrage (notamment par le biais des appels confus de la Macronie visant à contrer "tous les extrêmes", voire la défense d’un barrage républicain… contre LFI) a contribué à faire entrer massivement l’extrême droite à l’Assemblée, avec 89 députéEs, des centaines d’attachéEs parlementaires et de permanents, des dizaines de millions d’euros pour construire son appareil. »
« Une orientation unitaire et des batailles politiques »
Si les grands traits de la situation sont largement partagés au sein du CPN, les désaccords ont fait jour autour du positionnement de notre organisation pour la suite. Des désaccords qui prolongent ceux déjà exprimés, y compris par voie de tribunes dans notre presse à l’occasion des élections législatives, autour du positionnement du NPA de soutien aux candidatures de la Nupes en rupture avec le social-libéralisme.
Ainsi, nous affirmons dans la résolution adoptée : « Hétérogène et soumise aux pressions des négociations parlementaires et des logiques d’auto-préservation de chacune de ses composantes, la Nupes n’est pas stabilisée mais pourrait constituer une étape dans le processus de recomposition de la gauche. Nous souhaitons être partie prenante de la construction d’un cadre unitaire pour les luttes et un programme de rupture avec l’ordre néolibéral, tout en gardant notre indépendance politique et militante.
Partout où c’est possible, nous devons proposer de continuer à construire des cadres unitaires de luttes pour les revendications du monde du travail, des classes populaires, pour les luttes écologiques, de défense des services publics, contre la présence de l’extrême droite localement, et, plus largement, pour discuter d’une alternative au capitalisme. »
C’est pour cela que ces prochaines semaines, ces prochaines mois, nous allons poursuivre à la fois notre action unitaire et dans ce cadre mener les débats nécessaires à l’organisation de notre camp social. Cela concerne la Nupes, en particulier sa composante Union populaire-LFI, à qui nous allons à nouveau nous adresser (après la réunion-débat réussie à Paris vendredi 24 juin) pour proposer si cela est possible un travail commun autour des parlements populaires, nationaux comme locaux. Cela concerne aussi diverses composantes de l’anticapitalisme et des mobilisations que nous avons déjà rencontrées (Rejoignons-nous, Ensemble !, On s’en mêle, Union communiste libertaire, PEPS…). L’enjeu de cette orientation est bien de faire des pas dans le regroupement des forces qui veulent rompre avec ce système, ce que nous allons rappeler par un appel public ces prochains jours.
Au-delà de cette discussion essentielle, nous avons aussi eu un bilan financier de notre présence à l’élection présidentielle, et nous avons fait le point sur la préparation de notre prochaine université d’été.
Enfin, le CPN a adopté une motion convoquant le 5e congrès du NPA aux dates du vendredi 9, samedi 10 et dimanche 11 décembre. Le débat pour une organisation efficace et utile à notre classe va donc continuer.