Publié le Vendredi 13 juillet 2012 à 11h56.

Réunion nationale du NPA des 7 et 8 juillet

La majorité des camarades de la GA a décidé de quitter le NPA et de rejoindre le Front de Gauche. Leur résolution a obtenu, dans les 92 AG préparatoires, 22,25 % des voix, mais des camarades qui ont voté pour cette orientation ne quitteront pas le NPA ; d'autres encore n'iront pas au Front de Gauche. Nous regrettons le départ de ces camarades, ils se trompent. Près de 80 % des militantes et militants ont refusé ce choix. Parmi elles et eux, la plateforme F recueille 39,72 % des voix, la I 23,04 % des voix, la E 6,4 %, la H 5,38 %. Des plateformes locales ont recueilli 3,21 % des voix. Les 254 délégueEs se répartissaient de la manière suivante : position F 102 délégués, I 59, G 57, la E 16 et H 13 et 7 délégués sur des plateformes locales.À l'issue des débats, le texte proposé par la position F a été majoritaire, avec 112 voix, le texte I a recueilli 60 voix, le texte G 59, le texte E 20 et le texte H 18.La motion dite « démarche pour une refondation » a recueilli 93 voix, 28 contre, 43 abstention alors que 83 délégués n'ont pas participé au vote. Ce vote exprime un large intérêt à propos des questions ayant trait au fonctionnement de notre parti mais aussi le souci de prendre le temps d'élaborer collectivement des réponses. Un large accord s'est exprimé dans le parti dans l'objectif de poursuivre et de relancer notre projet de rassemblement des anticapitalistes et pour refuser de rejoindre le Front de Gauche. Des différences se sont exprimées sur la politique à mener en direction du Front de Gauche et sur la perspective de construire une opposition de gauche au gouvernement Hollande-Ayrault. Elles n'ont pas permis que sorte de cette CN une déclaration de rassemblement. Le débat continue, cette CN donne en effet le coup d'envoi du congrès qui doit se tenir début décembre. Une nouvelle phase de construction du NPA commence. Cela exige des bilans, des discussions sur notre projet et les moyens de surmonter nos faiblesses politiques, organisationnelles, démocratiques et de direction. Un chantier s’ouvre à partir des comités, sans préalables de tendances, pour élaborer ensemble les voies et moyens de relancer une dynamique à la hauteur de notre projet.YLPlateforme EMalgré le départ de la GA, la direction maintient l’idée d’un « front avec le Front » et refuse de donner priorité à la lutte des classesLa CN n’a pas résolu la crise du parti. Les débats ont été bâclés, réduits en bonne partie à la question du FdG, alors que la situation politique et de nombreuses contributions exigeaient qu’on discute des moyens de relancer le NPA, de son orientation en général, de son fonctionnement et de la façon d’aborder la rentrée.La GA part certes au FdG, mais la direction mise en place l’an dernier pour la présidentielle a explosé. La majorité de cette direction (plateforme F), qui a recueilli 39,7 % des voix pour l’élection des délégués, n’a obtenu lors de la CN qu’une majorité artificielle de 8 voix (sur 216 exprimées), due au jeu du vote « non contradictoire » qui a permis à des délégués GA, voire I, de voter pour la plateforme F en plus de la leur. La F, qui prétendait rassembler le parti, n’a même pas essayé de trouver un accord avec les camarades de la I, qui avaient pourtant dirigé le parti avec elle depuis un an et dont la plateforme ne consistait qu’en deux amendements à la sienne. Son but était de reprendre le contrôle de la direction qu’elle avait dû partager avec sa gauche. Elle a mis un coup de barre à droite pour s’allier avec les membres restants de la GA sur l’objectif d’un front politique avec le FdG sous prétexte d’une « opposition de gauche » à Hollande. C’est donc reparti pour une tentative d’alliance avec les réformistes, malgré l’impasse de 2009-2011, au lieu de construire le NPA par en bas.Les camarades de la I n’ont pas su rompre à temps et engager le combat contre cette ligne opportuniste. Avant la CN, au lieu d’une vraie plateforme alternative, que nous proposions à toute la gauche du parti, ils ont poursuivi leur démarche habituelle de compromis sur la base d’un texte flou, jusqu’à ce que la direction leur refuse deux ultimes amendements (clarification partielle sur le FdG et priorité aux luttes). Or ces amendements ne suffisaient pas à faire une orientation et cette démarche a non seulement entraîné la séparation de la Fraction Étincelle (plateforme H), mais aussi cautionné la restriction des débats à la question du FdG, entravant les discussions de fond, y compris sur la façon d’intervenir dans les luttes. Finalement, leur texte de rassemblement minimal à la CN, bien qu’il maintienne l’objectif faux d’une « opposition de gauche », s’est heurté au refus de la F.Néanmoins, les camarades de la I ont maintenu le contenu de leurs deux amendements et, face à l’arrogance de la F, élaboré avec la H un projet de déclaration qui affirme une totale indépendance à l’égard du FdG, fixe l’objectif de s’implanter dans les lieux de travail, propose une campagne contre les licenciements et des mots d’ordre justes. Nous avions annoncé que, tout en défendant notre plateforme E, nous poursuivions inlassablement notre combat pour rassembler la gauche du parti autour d’éléments d’orientation. Nous avons donc proposé des amendements à ce texte, notamment l’exigence de réquisition sous contrôle des travailleurs des entreprises qui licencient et la convergence de nos mots d’ordre sur la nécessité d’un gouvernement des travailleurs. Ces amendements ont été acceptés : bien que le texte final I-H-E ne soit ni assez clair sur le programme, ni assez concret pour les luttes, nous l’avons voté car c’est un important pas en avant. Il a obtenu 89 voix, 38,8 %. Il faut maintenant que toutes celles et ceux qui approuvent cette orientation la mettent en œuvre, ensemble.La direction a imposé cette CN pour préparer le congrès en position de force ; ses résultats indiquent clairement à toute la gauche du parti ce qui lui reste à faire. Les discussions de fond doivent s’ouvrir enfin sur le bilan du NPA, le programme et la stratégie.Délégation de la plateforme EPlateforme FRassembler les anticapitalistes, toujours à l'ordre du jourNous regrettons la décision de la majorité des camarades de la Gauche anticapitaliste de rejoindre le Front de Gauche. Nous avons combattu cette orientation  et nous regrettons ce choix que nous considérons comme une erreur préjudiciable aux anticapitalistes. Ces camarades feront leur expérience, nous continuerons à débattre et agir avec eux, à confronter les expériences et bilans. Mais nous savons que leur prétention à influencer le Front de Gauche de l'intérieur est vaine. Pour peser sur les militants les plus combatifs du Front de Gauche, ses courants anticapitalistes, exercer notre influence politique, il faut nous en donner les moyens en gardant notre pleine indépendance. Les discussions tant dans les AG préparatoires que lors de la CN font apparaître une large volonté de rassemblement sans être prisonnier des clivages de tendances pour sortir d'une longue lutte interne qui a considérablement affaibli notre mouvement. Les réunions de commissions durant la CN ont permis de riches échanges croisés.Les camarades qui se sont retrouvés dans la démarche de rassemblement initiée par la plateforme F ont essayé de renforcer cette politique, de l'élargir à partir des discussions dans les AG. Malheureusement, et paradoxe de la CN, cette volonté s'est heurtée aux choix politiques des camarades de la plateforme I, choix qu'ils avaient annoncé dans leur tribune du numéro précédent de Tean. Pour eux, il n'était plus question de travailler avec nous au rassemblement à partir de la matrice commune des textes F et I. Ils s'en sont dégagés pour rechercher à rassembler non le parti mais les tendances minoritaires, la H et la E. Ils ont donc repoussé nos propositions de rédiger une déclaration à partir de notre matrice commune et de leurs amendements pour en rédiger une  avec la H et la E. Cette déclaration vide la question de l'opposition de gauche de tout contenu en particulier à l'égard du Front de Gauche vis-à-vis duquel il ne serait plus possible d'avoir une politique spécifique. Elle a servi à construire un attelage hétéroclite avec les minorités. De même nos camarades de la I ont proposé un texte court qui prétend lui aussi rassembler mais en fait s'adresse aux mêmes et dont deux versions ont été votées : l'une sans la mention d'opposition de gauche, l'autre avec ! La plupart des camarades de la I ont voté les deux versions ! Pour rassembler il est nécessaire de garder sa propre cohérence. Nous regrettons ce volte-face. Cela dit, notre texte est majoritaire, il  recueille 112 voix, 104 contre sur 251 votants sur ce texte, soit 51,85 % des exprimés et 44,62 % des votants. Ce vote amplifie les votes des AG d'autant que les votes pour le texte I qui reprend, sur l'essentiel, la même orientation, vont dans le même sens. Une nette majorité se retrouve ainsi dans la démarche définie par les deux textes : la nécessité d'un parti anticapitaliste indépendant capable de se donner les moyens de prendre des initiatives pour aider aux luttes tout en travaillant à la plus large unité et en militant pour construire une opposition de gauche au gouvernement Ayrault-Hollande. C'est ce fait politique essentiel que nous retiendrons, au-delà des hésitations et faux pas, pour continuer à rassembler au-delà des tendances actuelles en faisant vivre la démocratie. Cette CN ouvre la discussion pour le congrès sur le bilan du NPA, la période, notre orientation et nos priorités ainsi que sur les questions de fonctionnement et de démocratie dont la vote majoritaire pour la motion « Démarche pour une refondation » souligne la place importante dans les préoccupations des camarades. Le débat est ouvert, l'Université d'été en sera la prochaine étape pour contribuer à donner un second souffle au NPA...Plateforme GDéclaration de la Gauche anticapitalisteConformément à la décision prise le 13 mai, la Gauche anticapitaliste a mené des discussions avec le Front de Gauche pour « vérifier les possibilités et réunir les conditions de son intégration » en son sein.Aujourd’hui, la Gauche anticapitaliste constate que la condition politique qu’elle posait, à savoir le refus de participer au gouvernement Hollande et de soutenir sa politique, est remplie. De son côté la réponse du Front de Gauche est positive.Sur la base de ces vérifications, en fonction des considérants politiques contenus dans la résolution adoptée à sa réunion nationale des 12 et 13 mai et dans la résolution proposée au NPA dans le cadre de sa CN, la Gauche anticapitaliste décide, le NPA s’y étant refusé, d’engager elle-même cette démarche en tant qu’organisation indépendante. Elle y œuvrera au regroupement des forces écosocialistes sur la base, notamment, du programme contenu dans le document « Nos réponses à la crise ». Elle s'inscrira favorablement dans les réflexions pour élargir et transformer le Front de Gauche. Dans ce processus, la GA œuvrera au regroupement des forces politiques et équipes militantes anticapitalistes et écosocialistes.Afin de participer à l’élaboration plus précise du contenu de son orientation politique, ainsi que d’avancer dans sa structuration organisationnelle, la Gauche anticapitaliste appelle toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans cette orientation et cette démarche à la rejoindre.Plateforme HPour une nouvelle implantation du NPA dans les entreprises, quartiers populaires, universités et lycéesLes orientations du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et du quinquennat Hollande sont clairement affichées. Mis à part quelques réformes sociétales, droit de vote des immigrés aux élections municipales, égalité de droits pour les couples homosexuels, introduction d’une part de proportionnelle aux élections législatives, qu’il reste encore à inscrire dans la loi, le président et le gouvernement PS entendent consacrer tous leurs efforts à sortir le capitalisme de la crise, autrement dit à la faire payer au monde du travail. Leur politique est dans la stricte continuité de celle de leurs prédécesseurs, le symbole en étant le maintien intégral du plan de ces derniers pour réduire le déficit budgétaire et la dette jusqu’en 2017. Dans une situation de crise qui sert de prétexte à une offensive redoublée des capitalistes, et au gouvernement à couvrir cette offensive de son autorité, le NPA affirme son opposition radicale et intransigeante au gouvernement Hollande-Ayrault. Mais quelles implications concrètes ?Le gouvernement et son ministère du Redressement productif n’ont ni les remèdes ni même la volonté de remédier à la vague de licenciements qui déferlent dans le privé. Cela demanderait de s’attaquer aux profits et à la propriété capitalistes. Bien plus Ayrault orchestre lui-même cette politique par le maintien sinon l’accélération des suppressions de postes dans le public. Et la pression du chômage, la ponction des revenus nécessaire à redresser le budget et payer la dette, ne peuvent qu’aboutir à une baisse réelle des salaires. Les militants du NPA doivent se battre sur tous les fronts où ils interviennent, avec les alliés qu’ils trouveront pour le faire. Mais dès maintenant, le parti doit engager une campagne prioritaire sur les préoccupations essentielles actuelles du monde du travail : l'emploi et les salaires, pensions et allocations, préoccupations dont on peut prévoir qu’elles seront les motivations et les objectifs principaux d’une éventuelle mobilisation d’ensemble dans cette période de crise.Cette campagne peut se faire autour des axes et mots d’ordre du plan d’urgence anticapitaliste déjà mis en avant, entre autres dans les dernières campagnes électorales. Elle doit être liée à l'intervention des militants du NPA dans les luttes, qui vise à sortir de l'éparpillement entreprise par entreprise et convaincre les travailleurs en lutte de s'adresser aux autres travailleurs concernés. Car si actuellement le secteur automobile est sur le devant de la scène, pas une branche d'activité n'est épargnée et de nombreuses réactions sont prévisibles.Le NPA doit s’affirmer prêt à mener cette campagne avec toutes les organisations, politiques, syndicales et associatives qui disent défendre les intérêts des classes populaires. Mais il ne doit pas attendre leur accord, pas plus que l’unité d’action qu’il leur propose, pour l’entamer. Pour que cette campagne ne reste pas sur le papier, il faut que le parti en fasse réellement sa priorité, que la direction l’impulse et la centralise, que tous ses militants, pas seulement ceux d'entreprise, contribuent à cet effort, que celui-ci ne se résume pas à une éphémère apparition mais vise à une implantation durable dans les milieux populaires et notamment les lieux de travail.Aurélien (75), Zara (93)Plateforme IPour sortir de la crise interne : il est temps de tourner le parti vers l’action !La CN est donc passée. Chaque comité en tirera ses enseignements et ses bilans, mais une chose est sûre cette CN n’aura pas reflété le vote des comités. Alors que les comités avaient majoritairement – et pas à huit voix près – voté pour les deux amendements de la plateforme I, les délégués de la CN les ont massivement rejetés Alors que les comités ont majoritairement rappelé que nos désaccords avec le Front de Gauche n’étaient pas que conjoncturels mais bien pratiques, programmatiques et stratégiques, les délégués ont massivement dit le contraire. Alors qu’une majorité de camarades ont voulu indiquer dans leurs comités qu’il était temps de prioriser nos interventions et de subordonner les élections à nos priorités de construction et de mobilisation, le choix des délégués a été de remettre cette discussion à plus tard. Il s’agit d’un grave problème que nous avons été les seuls à relever. Preuve s’il en était que les questions de fonctionnement ne peuvent être déconnectées des questions d’orientations. Désormais, les camarades de la F tordent la réalité en affirmant qu’une orientation majoritaire solide est ressortie de ce week-end. Ils prennent appui sur huit voix de plus en faveur de leur texte lors du vote non contradictoire. Mais ils oublient au passage que le projet de résolution pour une campagne à la rentrée, que nous avons soumis au vote, n’a été rejeté qu’avec les voix de la quasi-intégralité des 57 délégués de la GA. C’est-a-dire grâce aux voix de camarades qui ne seront plus au NPA pour appliquer cette campagne, mais qui ont voulu peser contre avant de partir. Cette CN n’a donc pas résolu la crise de direction et d’orientation du NPA. Aucune orientation n’en ressort clairement majoritaire. Et ce ne sont pas des artifices qui y changeront quelque chose.Que faire alors ? Tout au long de la CN, notre choix a été de donner un contenu au nécessaire rassemblement en proposant une orientation au travers d’une campagne de rentrée. Nous regrettons que les délégués de la F n’aient pas voulu participer à cette démarche qui, par divers amendements, a rassemblé les délégués de la E, H et I. Cette démarche, nous le savons, est bien plus largement partagée dans le parti. Il s’agit donc de lancer le parti dans une campagne contre les mesures d’austérité, pour répondre aux préoccupations essentielles du monde du travail : emploi, salaires, pensions et allocations. Cette campagne peut se faire autour des axes et mots d’ordres d’un plan d’urgence anticapitaliste : interdiction des licenciements et suppressions de postes dans le privé et le public, augmentation immédiate des salaires, pensions et allocations sociales, contrôle des salariés et de la population sur les comptes, réquisition sous contrôle des travailleurs dans les entreprises qui ferment ou licencient.Cela implique que le parti en fasse sa priorité, que la direction l’impulse et la centralise, que touTEs ses militantEs, pas seulement celles et ceux d'entreprise, contribuent à cet effort, que celui-ci vise à une implantation durable dans les milieux populaires et notamment les lieux de travail. Pour pouvoir avancer dans cette direction, la coordination des militants d’un même secteur ainsi que l’élaboration d’une politique dans les secteurs en question est une étape indispensable. Cela suppose la sortie d’un matériel spécifique : tracts, affiches et un planning de réunions publiques. C’est en tournant le parti vers l’action que nous sortirons de la crise actuelle et qu’une majorité de direction verra le jour. Antoine Larrache, Armelle Pertus, Gaël Quirante, Jean-Baptiste Pelé, Jean-François Cabral, Marie-Hélène Duverger, Mathilde Stein