En octobre, un nouveau record est tombé en matière de chômage... mais le gouvernement poursuit sa politique hypocrite. Pourtant des solutions existent mais pour cela, il faudrait s’affronter au capitalisme.
Le nombre de demandeurEs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A s’est établi à 3 460 900 en France (hors départements d’outre-mer) fin octobre 2014. Soit une augmentation de 179 900 personnes par rapport à octobre 2013 (+5,5 %). Les chômeurs en catégorie A, ce sont ceux totalement sans activité. Certains chômeurEs ont ce que l’on rappelle des « activités réduites », c’est-à-dire qu’ils réussissent à avoir quelques heures de travail : fin octobre, il y en avait 1 693 300. Mais ce n’est pas tout, 277 000 autres chômeurEs sont en formation, en stage, etc. et 390 600 autres inscrits à Pôle emploi sont considérés comme en emploi (des CDD précaires souvent). Au total, il y avait donc fin octobre 5 833 300 inscritEs à Pôle emploi, soit 300 000 de plus qu’un an auparavant.Les plus de 50 ans sont particulièrement touchés par cette augmentation du chômage : + 11,4 % par rapport à octobre 2013. En fait, la politique de report de l’âge de la retraite provoque aussi des chômeurs supplémentaires : des salariéEs qui, par exemple après un licenciement, sont contraints de s’inscrire à Pôle emploi en attendant la retraite. Les jeunes subissent moins cette hausse du chômage, mais une part du chômage de cette catégorie est dissimulée dans les divers contrats subventionnés sur fonds publics : un quart des 16-25 ans qui sont en emploi le sont sur des emplois aidés...
L’hypocrisie règneMais il y a quand même un chiffre en baisse : c’est le pourcentage de chômeurEs indemnisés, qui passe à 46,6 % ! Bravo donc au gouvernement, au Medef et aux syndicats signataires de la convention d’assurance chômage. Une partie des autres chômeurs reçoivent le RSA. Mais plus d’un million de personnes ne perçoivent rien : soit parce qu’il s’agit de jeunes de moins de 25 ans (qui n’ont pas du tout travaillé ou pas assez pour bénéficier du RSA jeunes), soit parce que les ressources du foyer dépassent le plafond (parce que le conjoint a des ressources, même si c’est une allocation adulte handicapé ou une allocation chômage).« Soyons honnêtes, nous sommes en échec face au chômage » a déclaré le ministre du Travail Rebsamen. La première honnêteté, ce serait d’arrêter les déclarations hypocrites : en quoi ce gouvernement se préoccupe-t-il sérieusement du chômage ? On peut lui accorder qu’il se préoccupe de faire plaisir aux marchés financiers, en taillant dans les dépenses publiques, et de contenter les patrons, avec les milliards du Pacte de responsabilité. Mais les chômeurEs, les travailleurEs qui vivent dans l’angoisse de perdre leur emploi ou qui sont inquiets pour l’avenir de leurs enfants n’ont droit, eux, qu’à des bonnes paroles.Pour ceux qui nous dirigent aujourd’hui – Hollande-Valls-Macron – et ceux d’hier – Sarkozy –, « ceux d’en bas » ne sont qu’une variable d’ajustement, et doivent payer pour la crise du capitalisme. « Ceux d’en haut » ont droit à tous les égards, et doivent pouvoir sans contrainte faire ce qu’ils veulent de l’argent de l’État. Ainsi, le site du ministère des Finances précise que « l’administration fiscale ne contrôlera pas l’utilisation du CICE » (crédit d’impôt compétitivité emploi). Par contre, les allocataires du RSA sont, eux, contrôlés, et un renforcement du contrôle des chômeurEs se profile à l’horizon.
Des solutions existentEt pourtant le chômage de masse n’est pas une fatalité. Trois pistes d’action sont nécessaires. D’abord, créer les emplois manquant dans l’éducation et la santé et embaucher sur des emplois publics correspondant aux besoins sociaux non satisfaits : aide aux personnes âgées, aux enfants et aux malades, restauration de bâtiments, environnement, etc. Ainsi, un million d’emplois publics à plein temps payés au salaire moyen coûterait à l’État 16,4 milliards d’euros (ce calcul tient compte des prestations économisées et des recettes fiscales supplémentaires), soit beaucoup moins que ce qui est actuellement déversé sur les entreprises sans impact sur le chômage. Ensuite, il faut partager le travail, avec une réduction du temps de travail dans le secteur privé avec embauches correspondantes. Enfin, il faut un plan de formation adapté pour les jeunes rejetés par le système scolaire.Voilà ce que ferait un gouvernement aussi fidèle aux intérêts des oppriméEs que Hollande et sa bande le sont aux intérêts des oppresseurs. Un tel gouvernement ne sortira pas d’une combinaison parlementaire. Il devra s’affronter sans concession au capital. Il apparaîtra « quand tous les pauvres s’y mettront », comme le dit une vieille chanson du mouvement ouvrier. À nous d’y travailler en construisant pied à pied avec toutes celles et ceux qui y sont disponibles l’unité du monde du travail, en emploi ou privés d’emploi. C’est en particulier pour cela que le NPA sera présent dans les rassemblements et manifestations qui ont lieu ce samedi 6 décembre.
Henri Wilno
Samedi 6 décembre, journée nationale de manifestations contre le chômage et la précarité. À Paris à 14 h place Stalingrad.