Publié le Mercredi 13 décembre 2023 à 09h29.

« De l’air ! Ouvrons les frontières ! »

Pour réfuter les contrevérités, qui alimentent la peur, le racisme et la division entre exploitéEs et oppriméEs, rappelons que l’idée d’une invasion migratoire en Europe relève du fantasme. Les plus vastes mouvements de migrantEs ont lieu à l’intérieur des pays du Sud et représentent les deux tiers des migrations globales.

 

Faut-il, une fois de plus, rapporter le nombre de réfugiéEs qui frappent aux portes de l’Europe à la population totale du continent et à sa richesse ? Soit un petit 1 %. L’Europe a les moyens de les accueillir. Faut-il à nouveau comparer le nombre de réfugiéEs en France, par rapport aux millions en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Éthiopie, au Soudan ? La France dans l’Union européenne est en 5e position pour l’accueil, après l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Espagne, la Suède, l’Italie. De même, elle est un des pays européens les plus restrictifs en nombre de titres de séjour délivrés.

La fermeture des frontières est criminelle

La mondialisation a permis la circulation des ­marchandises et des capitaux dans le monde, tandis que les personnes contraintes à l’exil ne peuvent pas se déplacer librement : multiplication des murs et des barbelés, police et armée aux frontières, camps insalubres, ordres des États d’empêcher les secours en mer... Les conséquences sont dramatiques : des dizaines de milliers de morts, des femmes, des hommes, des enfants noyéEs ou disparuEs aux portes de l’Europe. Les femmes représentent la moitié des exiléEs et paient le prix fort. 

En plus du coût humain, le coût financier est énorme. Pour la période 2021-2027, la Commission européenne a prévu de doter le fonds de gestion intégrée des frontières de 9,3 milliards d’euros, plus les 12 milliards d’euros pour l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex), plus les hotspots créés en Italie et en Grèce par l’UE pour trier les migrantEs aux frontières. Il faut ajouter à cela l’externalisation des frontières, c’est-à-dire les accords avec certains pays comme la Turquie, la Libye, le Maroc pour qu’ils gardent les migrantEs sur leur sol, dans des conditions souvent épouvantables.

Ouverture des frontières ! Liberté de circulation et d’installation !

Face à cette barbarie d’État nous assumons donc pleinement la revendication de l’ouverture des frontières, seule façon de stopper l’hécatombe en mer et aux frontières. La liberté de circulation et d’installation et la régularisation de tous les sans-­papiers ne sont pas de simples ­slogans. Nous les défendons du point de vue des intérêts généraux de l’humanité. Les gouvernants les plus racistes, les plus antimigrantEs, les Trump, Bolsonaro, Milei, Orban, Meloni, Le Pen, sont les partisans de politiques qui privent toute leur population de liberté, d’égalité et de justice sociale. Nous refusons d’être complices des conséquences barbares de ce système impérialiste qui impose misère et exploitation aux pays du Sud depuis des siècles de colonisation et de néocolonialisme, qui vend des armes aux pires dictatures. Les gouvernants des pays riches voudraient pouvoir exploiter et appauvrir la planète mais ne pas avoir à accueillir les pauvres qu’ils fabriquent. De la même façon, la liberté de circulation est un enjeu de justice environnementale. Accueillir dignement les victimes du réchauffement climatique doit devenir une réparation des pays du Nord, une manière de rembourser la dette écologique qu’ils ont contractée envers le Sud.

La seule politique viable pour le mouvement ouvrier, c’est l’internationalisme. C’est non seulement organiser une solidarité d’un pays à l’autre, mais aussi accueillir les exiléEs, non comme des ­briseurs d’acquis sociaux mais comme des sœurs et frères de lutte. Encore faut-il pour cela combattre tout ce qui divise la classe ouvrière, et ne pas réclamer des frontières qui ne protègent en rien les travailleurEs français et européens. L’accueil digne des exiléEs et l’ouverture des frontières seront indispensables à la construction d’un monde égalitaire, libre, solidaire, prêt à surmonter les défis sociaux et ­environnementaux à venir.