Publié le Mercredi 27 janvier 2021 à 10h27.

Arts visuels : le plat et le métier du pauvre

Les aides TPE sont ouvertes aux artistes-auteurEs plasticienEs, mais n’arrivent toujours pas à toucher les artistes. Selon les chiffres du ministère de la Culture, seulement 5 % de la population du secteur a été indemnisée pour des revenus inférieurs à ceux de l’année 2019 suite aux confinements, aux fermetures de musées, et annulation de diverses manifestations culturelles, ainsi que les théâtres et cinémas qui font vivre aussi une partie des artistes plasticiens. Comme pour la plupart des travailleurEs précaires, les métiers dit alimentaires (qui sont complémentaires à nos activités) ont bien souvent été considérés comme non essentiels, privant ainsi de nombreux auteurEs de ces revenus. Pourtant, certains syndicats d’artistes plasticienEs réclament depuis mars une aide exceptionnelle minimale de 1 500 euros par mois pour les personnes privées d’exercer leur métier et donc de revenus pour vivre.

Situations ubuesques

L’interlocuteur des artistes-auteurEs plasticienEs est l’Urssaf du Limousin, qui est à Montreuil, logique : la population de notre secteur se retrouve face à une usine à gaz particulièrement non fonctionnelle. Les appels à cotisations sociales sont envoyés puis annulés mais réclamés sur le site internet, et impossibles à payer : totalement ubuesque. Il aurait été judicieux dans cette période de crise sanitaire d’ouvrir les droits à touTEs, mais le ministère a choisi d’aider, avec une ristourne de cotisations sociales pouvant aller jusqu’à 2 000 euros, les artistes les plus riches, pour ne pas avoir à aider tout le monde. On parle de presque 50 % de la population des artistes-auteurEs mis de côté car elles et ils ont des revenus annuels inférieurs à 3 000 euros. Le ministère choisit clairement de laisser crever les plus pauvres et plus précaires, sous prétexte de leur prétendue non-professionnalisation, ce qui démontre encore une fois la terrible méconnaissance et le mépris pour nos métiers par ce ministère qui ne comprends l’art que par sa forme rentable. À cela s’ajoutent les dysfonctionnements habituels concernant les indemnités journalières ou congés maternité, avec des retards de plusieurs mois, lorsque les artistes se battent pour pouvoir les toucher.

À relever tout de même ce fait « historique » : pour la première fois sous ce quinquennat, la ministre de la Culture a reçu en personne (enfin, via internet) l’ensemble des organisations professionnelles pour les entendre, mais elle n’a pu en écouter que trois sur la vingtaine de présents, car elle avait d’autres rendez-vous. La colère monte et la sensation d’être oubliéEs, car non organiséEs en industrie, est de plus en plus pesante.