Publié le Dimanche 5 juillet 2015 à 09h04.

Des chiffres et des dettes

La « discussion » entre la Grèce et ses « créanciers européens » porte notamment sur le caractère et les origines de la dette publique.

Dans le long terme, la situation de la Grèce ne renvoie pas à des dépenses exagérées : les dépenses publiques du pays se situent dans la moyenne de celles de l’Union européenne et les dépenses sociales et d’éducation sont globalement faibles, au contraire par exemple des dépenses militaires. Mais elle est la conséquence d’une fiscalité injuste qui profite aux privilégiés, qui de plus exportent frauduleusement leurs capitaux. 

Ces dernières années, la situation de la Grèce résulte évidemment de plus de 5 ans de politique d’austérité (des gouvernements grecs précédents), ce qui a entraîné une baisse d’environ 25 % (!) du PIB depuis 2009. Sans cette politique imposée par la Commission européenne et le FMI, en admettant simplement une stagnation du PIB, le ratio de la dette pour la Grèce serait de 148 %, c’est-à-dire proche de celui de l’Italie ou du Portugal.

Qui aide qui ?

Par ailleurs, il faut remarquer que ce que les créanciers – et les journalistes à leur service – appellent « l’aide à la Grèce » a consisté à accorder au gouvernement grec, sous conditions sévères, les moyens de rembourser les banques étrangères (principalement allemandes et françaises). 

Ainsi, en juin 2013, Attac Autriche a publié une étude détaillée pour identifier les véritables bénéficiaires de cette « aide » entre mai 2010 et juin 2012 : sur un total de 206,9 milliards d’euros, il est ressorti que 77 % ont été affectés au secteur financier. L’étude précise que « ces 77 % constituent… un minimum d’un montant qui a pu être sous-estimé. »

La politique d’austérité imposée partout en Europe n’a pas pour objet un soi-disant « retour de la croissance », mais bien de casser définitivement le « modèle social » européen. Pour les autorités européennes, le peuple grec, qui a refusé dans les urnes cette évolution, doit être immédiatement sanctionné. C’est le sens de leur acharnement.

Jacques Cherbourg

 

Les dettes publiques dans la zone Euro

Dette publique / PIB en 2014 (en %)

Grèce

185,4

Italie

146,0

Portugal

141,1

Belgique

123,4

Irlande

118,3

France

118,1

Royaume-Uni

109,4

Espagne

105,3

Autriche

95,2

Allemagne

81,2

Pays-Bas

80,6

Finlande

71,1

Suède

64,2

Danemark

59,7

Pologne

56,4

Luxembourg

31,9

Source : OCDE