La « discussion » entre la Grèce et ses « créanciers européens » porte notamment sur le caractère et les origines de la dette publique.
Dans le long terme, la situation de la Grèce ne renvoie pas à des dépenses exagérées : les dépenses publiques du pays se situent dans la moyenne de celles de l’Union européenne et les dépenses sociales et d’éducation sont globalement faibles, au contraire par exemple des dépenses militaires. Mais elle est la conséquence d’une fiscalité injuste qui profite aux privilégiés, qui de plus exportent frauduleusement leurs capitaux.
Ces dernières années, la situation de la Grèce résulte évidemment de plus de 5 ans de politique d’austérité (des gouvernements grecs précédents), ce qui a entraîné une baisse d’environ 25 % (!) du PIB depuis 2009. Sans cette politique imposée par la Commission européenne et le FMI, en admettant simplement une stagnation du PIB, le ratio de la dette pour la Grèce serait de 148 %, c’est-à-dire proche de celui de l’Italie ou du Portugal.
Qui aide qui ?
Par ailleurs, il faut remarquer que ce que les créanciers – et les journalistes à leur service – appellent « l’aide à la Grèce » a consisté à accorder au gouvernement grec, sous conditions sévères, les moyens de rembourser les banques étrangères (principalement allemandes et françaises).
Ainsi, en juin 2013, Attac Autriche a publié une étude détaillée pour identifier les véritables bénéficiaires de cette « aide » entre mai 2010 et juin 2012 : sur un total de 206,9 milliards d’euros, il est ressorti que 77 % ont été affectés au secteur financier. L’étude précise que « ces 77 % constituent… un minimum d’un montant qui a pu être sous-estimé. »
La politique d’austérité imposée partout en Europe n’a pas pour objet un soi-disant « retour de la croissance », mais bien de casser définitivement le « modèle social » européen. Pour les autorités européennes, le peuple grec, qui a refusé dans les urnes cette évolution, doit être immédiatement sanctionné. C’est le sens de leur acharnement.
Jacques Cherbourg
Les dettes publiques dans la zone Euro
Dette publique / PIB en 2014 (en %)
Grèce
185,4
Italie
146,0
Portugal
141,1
Belgique
123,4
Irlande
118,3
France
118,1
Royaume-Uni
109,4
Espagne
105,3
Autriche
95,2
Allemagne
81,2
Pays-Bas
80,6
Finlande
71,1
Suède
64,2
Danemark
59,7
Pologne
56,4
Luxembourg
31,9
Source : OCDE