Qu’est-ce qu’une banque ?
Pour la majorité des gens, une banque c’est un endroit où on a un compte sur lequel est viré son revenu et dont on peut retirer de l’argent. Il arrive que, moyennant un intérêt, la banque prête de l’argent, par exemple, pour acheter un logement. En fait, le système bancaire, c’est un peu le réseau sanguin du système économique. Non seulement les banques permettent à l’argent de circuler, mais elles créent de la monnaie : elles distribuent des crédits d’un montant bien supérieur à la valeur des dépôts réguliers des particuliers ou des entreprises. Les banques peuvent aussi agir pour leur propre compte en investissant dans des entreprises, en achetant des titres de la dette publique, en spéculant…
Pourquoi y-a-t-il des crises financières ?
Le crédit permet de soutenir la consommation, l’investissement, mais aussi d’alimenter la spéculation. Dans une atmosphère d’euphorie, les banques distribuent des crédits pour des opérations risquées et spéculatives, interviennent elles-mêmes en Bourse. Le décalage augmente donc entre les ressources des banques et les montants des emplois. Si la Bourse se retourne parce que les perspectives de profit s’assombrissent, si des crédits en trop grand nombre ne sont pas remboursés, les banques sont en danger. Si une banque craque, comme toutes les banques sont interconnectées, tout le système peut être ébranlé.
Comment s’est déclenchée la crise de 2007-2008 ?
Après la grande crise des années 1930, des mesures ont été prises pour limiter les risques : les banques recevant les dépôts des particuliers (banques de dépôts) ont été séparées de celles intervenant sur les marchés financiers (banques d’affaires). De plus, comme il fallait reconstruire les économies après la guerre puis les soutenir, les nouveaux gouvernements ont créé ou renforcé des circuits particuliers de crédit pour l’agriculture, le commerce extérieur et les collectivités locales. Transitoirement, les dirigeants capitalistes ont mis en place des dispositifs d’encadrement des banques qui, dans des pays comme la France, avaient été largement nationalisées après la guerre.
Mais à partir du début des années 1980, le naturel capitaliste est revenu au galop : les réglementations ont été progressivement supprimées et les banques nationalisées ont été privatisées. Tout était désormais possible pour les banquiers : l’imagination financière était au pouvoir... Et cela a conduit à la crise. D’abord aux USA dans le secteur des prêts immobiliers, puis, comme toute la finance est interconnectée, le château de cartes a commencé à s’effondrer et la crise s’est étendue à l’ensemble de l’économie.
Que s’est-il passé depuis la crise ?
Les États ont sauvé d’abord les banques et les banquiers et les dirigeants ont multiplié les déclarations disant qu’il fallait « moraliser » le capitalisme. Des mesures cosmétiques de régulation ont été prises : ainsi, la réglementation mise en place en France concerne, par exemple, moins de 1 % des activités bancaires (comme l’a reconnu devant une commission parlementaire le PDG de la BNP, Frédéric Oudéa...). Certaines banques ont dû payer des amendes et, avec quelques traders, seuls de très rares dirigeants de banques (en Islande et en Irlande) ont été condamné à la prison.
Et c’est reparti… D’autant plus que le peu qui restait de réglementation va être levé aux USA avec Trump et que l’Union européenne va suivre. C’est à nouveau la foire à la spéculation et aux paradis fiscaux.
Est-ce que le problème, c’est la « finance » ?
Certains croient que les banques siphonnent la « vraie économie ». En fait, banques, grandes entreprises, dirigeants des États, sont aujourd’hui totalement imbriqués. Les entreprises industrielles sont autant animées par leurs investissements dans la sphère de la production que ceux réalisés dans la sphère de la finance. La financiarisation du capital, ce n’est pas la domination du « bon capital » par le « mauvais », c’est le fait que les grandes entreprises sont dominées par une logique financière. Il est impossible de changer cela sans s’attaquer d’abord au système bancaire.
Que faire ?
Il faut comprendre qu’il ne s’agit pas de comportements déviants de quelques banquiers escrocs (même s’il y en a) mais de la logique d’un système animé par le profit. Et celles et ceux qui aspirent à changer la société doivent encore plus en être persuadés : une transformation sociale et écologique, une planification démocratique sont impossibles avec un système bancaire privé.
C’est pour cela qu’il faut exproprier les intérêts privés et socialiser l’intégralité des banques (y compris la banque centrale), compagnies d’assurances, sociétés de crédit, etc.
L’intégralité, car un « pôle financier public » comme le propose par exemple Mélenchon évoluerait inévitablement, comme le système hospitalier actuel, avec des cliniques privées qui font des profits et des hôpitaux publics dans lesquels sont importées les normes de gestion du privé. Certes, on peut imaginer réglementer strictement ce qui resterait privé, mais autant se passer d’une telle tuyauterie que les banquiers privés s’acharneraient à pervertir.
Exproprier sans indemnité (en tenant compte de la situation des petits actionnaires et des régimes de retraite) car il y a mieux à faire que d’utiliser des ressources importantes à indemniser de riches actionnaires qui ont déjà largement profité des aides de l’État.
Socialiser, c’est-à-dire mettre en place une gestion démocratique avec des représentantEs des salariéEs, des collectivités, des associations et des instances de la planification sociale et écologique. Il sera ainsi possible de tenir compte des besoins réels des différents secteurs de l’économie et de la société.
Les nationalisations du passé ont conduit à des dérives avec des hauts fonctionnaires qui se comportaient comme des patrons du privé. C’est un tout autre modèle qu’il faut inventer. Mais pour cela, il faudra de puissants mouvements sociaux !