Publié le Mercredi 1 juillet 2020 à 09h44.

La pandémie à l’université, ou le début d’expérimentations délétères

Depuis le 16 mars, les campus universitaires sont fermés. L’heure a été à la « continuité pédagogique » – c’est-à-dire au passage au tout numérique. Les enquêtes sociologiques sur les étudiantEs pendant le confinement ont toutes confirmé les difficultés matérielles (fracture numérique, logement inadapté pour travailler), financières (perte de travail sans compensation) et psychologiques (grande détresse). Sans compter l’atomisation des liens pour les étudiantEs comme les personnels, les difficultés de concentration liées au travail solitaire, ainsi qu’une surcharge conséquente de travail.

Des examens à distance

Très vite, s’est également posée la question des examens. Qu’évaluer, et comment évaluer, quand les étudiantEs sont en grande difficulté pour se nourrir, sans parler de suivre les « cours » ? Des universités ont eu recours (à grands frais) à des entreprises pour surveiller à distance les étudiantEs, via leur webcam et le contrôle de leur ordinateur. Même sans aller jusque-là, les examens en ligne supposent de disposer du matériel et du logement adaptés, et d’une connexion rapide et fiable. En Savoie et en Haute-Savoie par exemple, 22 % de la population n’a pas accès au haut débit. Le maintien des examens à la sauce numérique conduit donc à écarter brutalement les plus précaires. Ce qui a entrainé des luttes de collectifs de professeurs et d’étudiants pour la validation automatique du semestre – refusée sans appel par Vidal et les présidences d’université.

Une rentrée en mode « dégradé »

La situation est partie pour continuer l’année prochaine. Les consignes ministérielles préconisent un maintien du distanciel, ou au mieux une « hybridation » – alternance de cours à distance et sur les campus. Les étudiantEs ne seraient admis dans les locaux que quelques heures. Les enseignantEs déposeraient leurs vidéos de cours (via Youtube, en l’absence actuelle de solution d’hébergement sécurisée ?). Les étudiantEs effectueraient des « mobilités virtuelles », suivant les cours d’une université étrangère depuis leur chambre en France.
Du pain bénit pour un gouvernement qui, à la suite des précédents, ne cache pas sa volonté de réduire les budgets. Le format vidéo permettra, à terme, de mutualiser nationalement les formations, et donc de supprimer des centaines de postes d’enseignantEs. En outre, la possibilité pour les étudiantEs de suivre la majorité des cours à distance servira d’argument pour mettre un terme aux APL et à la construction de logements étudiants.

La pandémie est ainsi mise au service de la casse de l’université, en cours depuis des années et aggravée par la Loi pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR), contre laquelle les universités étaient largement mobilisées avant le confinement. À nous de préparer les mobilisations pour la rentrée !