Publié le Mercredi 15 juin 2022 à 13h00.

2e circonscription du Rhône : « Dans la rue on a eu quand même d’excellents retours avec beaucoup de soutien »

Déclaration du candidat Raphaël Arnault, qui a réalisé le score de 6,81 % avec sa suppléante Mathilde Millat.

À la base nous partions de presque rien, dans le sens où aucune grosse organisation électorale n’est venu nous chercher par la main, au contraire même, on était plutôt invitéEs à rester bien sages.

En seulement trois semaines nous avons réussi à construire un véritable bloc de gauche, par la base, sans attendre l’avis des parisiens ou d’obtenir d’étiquette. Un vrai bloc militant avec des Insoumis, des communistes du PCF, des écologistes (des vrais, pas des libéraux), des anti­fascistes et des anticapitalistes, le tout soutenu par le NPA.

Une vraie candidature de gauche

L’enjeu était donc clair pour nous toutes et tous : si la dynamique unitaire et combative de la NUPES était une bonne chose, face à Macron ou l’extrême droite, le candidat investi sur notre circonscription est une sacrée farce. Il s’agit d’Hubert Julien-Laferrière, un ex du PS (de la majorité Collomb, bon la droite qui se prétend de gauche) qui a fini député en 2017, ici même, face à la gauche, sous l’étiquette LREM. Durant son mandat il va voter, entre autres : le CETA, la baisse des APL, la suppression de l’ISF, la loi asile-immigration, la casse de la SNCF… bref un vrai bon macroniste. Il a réussi à obtenir l’investiture NUPES grâce à de sombres accords électoraux, qui nous dépassent complètement nous qui sommes du terrain, en se présentant aujourd’hui comme « écolo ». Pour les libéraux ça devient à la mode pour garder de bons scores électoraux dans les circonscriptions à gauche.

Il fallait donc corriger cette candidature NUPES afin d’avoir une vraie candidature de gauche qui permettent d’appliquer le programme de rupture annoncé et plus encore vu l’urgence climatique, sociale et antifasciste de la période.

Dès le début de cette aventure nous avions mis en place de beaux outils, pleins de sens politique. Il ne s’agissait pas seulement d’une candidature individuelle mais d’un collectif qui vient de la base avec un contrôle démocratique. Je sais que ça devrait être la norme à gauche, mais apparemment ça a disparu depuis belle lurette chez énormément de ces ­politiques professionnels.

Nous nous sommes donc réuniEs en assemblée générale (nous avions aussi un comité directionnel, qui a été voté en AG, pour gagner en efficacité vu le temps court) pour discuter du programme que l’on souhaitait défendre, des choix tactiques, du calendrier… et nous allons encore nous réunir très rapidement pour discuter de la suite, notamment de notre choix pour le second tour.

Comprendre notre score

Nous étions donc les plus nombreux et nombreuses, certainement les plus déterminés, mais cela n’a pas suffi puisqu’on s’est fait largement devancer dans les urnes.

Il y a plusieurs explications à cela :

• Tout d’abord, si la circonscription est majoritairement de gauche ce n’est pas non plus une zone ultra facile pour nos idées. La Croix-Rousse s’est embourgeoisée et cela se ressent sur les votes avec de plus en plus de vote à droite (majoritairement Macron, mais aussi du LR, et même aujourd’hui des scores d’extrême droite). Et il y a surtout une partie de la circonscription qui se trouve dans le 2e arrondissement avec de gros quartiers bourgeois et réactionnaire comme Ainay.

• La multiplication des candidatures de gauche (au moins six) face à Laferrière, candidat officiel NUPES, a semé la confusion pour beaucoup de personnes. Beaucoup ont donc fait le choix de l’assurance avec un vote utile NUPES, peu importe la nature politique du candidat.

• Un niveau d’abstention élevé et comme d’habitude peu de jeunes qui votent, particulièrement dans les quartiers populaires. Et comme d’habitude cette situation profitent le plus aux candidats les plus dociles avec le système économique et social dans lequel nous sommes.

• Nous avons aussi fait face à un véritable bloc de la politique professionnelle puisque quasiment aucun élu, sauf une (Aline Guitard du PCF), n’a pris position publiquement sur notre candidature. Quand bien même nous savions que de nombreux éluEs étaient contre l’investiture de Laferrière et étaient plus proches de nos idées. Mais bon quand il s’agit de défendre les siens…

• Si nous étions nombreux et nombreuses, nous aurions dû être encore beaucoup plus pour espérer l’emporter. Beaucoup étaient aussi très fatigués par la séquence présidentielle et ce que nous allons subir les cinq prochaines années.

Cette petite liste n’est pas faite dans le but de « trouver des excuses » mais bien de chercher des explications rationnelles à notre défaite relative dans les urnes, parce que dans la rue on a eu quand même d’excellents retours avec beaucoup de soutien. Mais si beaucoup ont été réceptifs à nos idées et par la nature du projet, on a pu constater que les gens sur le terrain, les élections législatives, la majorité s’en tape. C’est une réalité aujourd’hui, et nous n’apprenons rien à personne en disant cela : la majorité d’entre nous sont vraiment déconnectés de la politique organisée et/ou « institutionnelle ». Nous devons donc prendre en compte cela et nous pensons qu’une partie de la solution résidera dans notre capacité à mettre en avant aussi ce type de candidature et de luttes, qui viennent du bas et pas l’inverse qu’on subit depuis des années.