Les 3 et 4 juillet, à Perpignan, le congrès du Rassemblement national (RN) intronisera Le Pen comme candidate à l’élection présidentielle de 2022. Une semaine après l’échec du RN à conquérir des régions et des départements, ce congrès prend une importance particulière pour le parti d’extrême droite qui a besoin de ressouder et remobiliser ses troupes pour partir à l’assaut de l’Élysée.
Malgré les pressions internes et externes à remettre en question Marine Le Pen et sa stratégie de « dédiabolisation », c’est le message qu’elle s’est empressée de lancer à l’issue de ces élections : « Parce que la présidentielle apparaît plus que jamais comme l’élection qui permet de changer de politique [...], je donne rendez-vous aux Français dès demain pour construire tous ensemble l’alternance dont la France a besoin. »
Elle sait combien la profonde crise sociale et politique constitue, en l’absence d’alternative réelle et crédible à gauche, un terreau fertile pour prospérer. La détermination du RN à s’emparer du pouvoir central reste entière. Notre détermination à faire barrage à l’extrême droite – qui est, sous sa « respectabilité » de façade, l’ennemi mortel des classes populaires et de la démocratie – doit rester entière, et grandir encore. Et la tenue du congrès du RN à Perpignan est une occasion de l’exprimer haut et fort, dans la rue de la capitale nord-catalane, le samedi 3 juillet.
Perpignan : un tremplin national pour le RN
Le choix de cette ville de plus de 100 000 habitantEs, conquise par Aliot lors des dernières municipales, n’est pas un hasard. Le RN veut en faire une vitrine et prouver aux yeux de la classe dominante sa capacité à accéder au pouvoir et à le gérer, notamment en s’alliant avec des politicienEs de la droite institutionnelle, déjà bien gangrénée par le racisme et l’autoritarisme. Un objectif qui va de pair avec sa volonté de s’enraciner dans le tissu social, de réaliser cette implantation locale qui lui manque tant et qui lui a à nouveau manqué lors des élections départementales et régionales.
Faire de Perpignan un haut lieu de la résistance au RN
La ville de Perpignan est devenue un enjeu national. Après les quelques mois d’hésitation qui ont suivi l’élection d’Aliot à la mairie, le mouvement ouvrier et social du département a réagi immédiatement et unitairement à l’annonce du congrès du RN : il faut nous mobiliser et cette mobilisation doit avoir un caractère national.
Un appel a été lancé par une trentaine d’organisations – associatives, syndicales, politiques, et des collectifs (droits des femmes, en défense des migrantEs…) – qui, conscientes de l’enjeu, se sont adressées tout particulièrement aux organisations nationales pour qu’elles soutiennent et rejoignent la mobilisation : « En tenant son congrès national à Perpignan, le RN montre qu’il veut faire de cette ville, dont il a pu s’emparer lors des dernières municipales, un laboratoire et un tremplin pour le pouvoir central. Nous devons en faire un haut-lieu de la résistance à la montée de l’extrême droite dans ce pays. »
Même s’il aurait besoin d’être plus large, l’écho qu’a rencontré l’appel – et même de l’autre côté des Pyrénées – permet de construire une mobilisation à la hauteur de l’enjeu. De plusieurs villes de la région mais aussi du pays, sont annoncées des délégations – en bus, en covoiturage, en train. Est attendue une participation significative des syndicats – y compris pour un service d’ordre assurant la sécurité de la manifestation – qui ont joué un rôle déterminant dans la construction de la mobilisation du samedi 3 juillet1.
La journée, qui se veut revendicative, politique et festive, sera rythmée par une série d’initiatives : une conférence de presse de porte-parole d’organisations nationales ; un accueil des délégations à partir de midi sur la place de Catalogne – avec une animation musicale et des interventions des syndicats à la tribune ; à 14 h manifestation dans les rues de Perpignan ; au retour, prises de parole sur la place des représentantEs des associations locales investies dans le combat quotidien antiraciste, antifasciste, démocratique. Avec un même mot d’ordre : No pasarán !
- 1. Lire dans l’Anticapitaliste n°574 l’interview de Julien Berthélémy, secrétaire général de l’UD CGT 66.