Patatras : après le désaveu du Conseil constitutionnel au sujet des chartes pour les travailleurEs des plateformes incluses dans la loi d'orientation des mobilités (LOM, décembre 2019), la première condamnation de Deliveroo, le 4 février, par un juge départiteur du Conseil des Prud'hommes de Paris vient davantage remettre en cause le modèle d'exploitation des travailleurEs uberisés.
Lors d'une conférence de presse organisée le 12 février, le Collectif des Livreurs Autonomes de Paris (CLAP) a présenté, face à de nombreux journalistes, ses actions dans les mois qui viennent, fort de ce nouveau succès.
Leur avocat, maître Mention, est d'abord revenu en détail sur la décision de justice qui a condamné la plateforme britannique à verser près de 30 000 euros à un livreur, remercié au bout de six mois. Le juge a retenu fort classiquement que le livreur, embauché sous le statut d'auto-entrepreneur, lui était en fait subordonné et a condamné la société, entre autres, pour travail dissimulé.
Ce fut ensuite le tour de Barbara Gomes, collaboratrice du groupe communiste au Sénat, de présenter la proposition de loi de ce dernier ouvrant droit au rattachement des travailleurs plateformisés au statut de salarié autonome qui existe déjà dans le Code du travail, à l'instar des VRP ou des mannequins.
Une détermination qui devrait inspirer le mouvement ouvrier
Enfin, deux animateurs du CLAP ont annoncé sa transformation en syndicat et le blocage d'un des restaurants exploité directement par Deliveroo pour la Saint-Valentin. Le blocage en question a réuni ce vendredi à Saint-Ouen une vingtaine de livreurEs, soutenus par SUD Commerce et en présence d’Éric Coquerel, député FI.
En alliant action gréviste, en dépit de la répression, comme juridique, médiatisation de leurs conditions de travail, qui renvoient aux tâcherons du 19e siècle, et sensibilisation des syndicats et des politiques, les livreurs démontrent qu'il est possible d'enrayer le nouveau monde – en réalité très ancien – de Macron.