Publié le Mercredi 11 septembre 2019 à 13h18.

Retraites des femmes : de pire en pire…

Le système actuel est déjà très défavorable aux femmes qui touchent en moyenne 40 % de moins que les hommes. Les raisons en sont connues : temps partiels, interruptions de carrière liées aux enfants, précarité, salaires inférieurs de plus de 25 % à ceux des hommes… Le système de calcul ne se contente pas de « transférer » l’inégalité salariale : il l’aggrave puisque l’écart passe de 25 % à 40 %. Avec la réforme prévue par le gouvernement la situation des femmes va empirer encore plus que celle des hommes :

Calcul sur la base de toute la carrière et non plus des 25 meilleures années ou des 6 derniers mois :les périodes d’inactivité, de chômage non indemnisé, les temps partiels (à 80 % occupés par des femmes)… étaient partiellement annulés par le calcul sur une partie seulement de la carrière. La réforme Balladur de 1993, en passant des 10 meilleures années aux 25, avait déjà entraîné une baisse de 16 % des pensions des hommes et de 20 % de celles de femmes. Le calcul sur l’ensemble de la carrière va une nouvelle fois impacter plus fortement les femmes.

Retraites à points contre système par annuités :les régimes par points sont défavorables aux femmes puisque les régimes complémentaires leurs versent des pensions égales à 40 % de celles des hommes pour l’Agirc et à 60 % pour l’Arrco alors que pour l’ensemble des régimes le rapport est de 75 %. La généralisation du système à points va aggraver les inégalités femmes/hommes.

Intégration des primes des fonctionnaires : pour compenser le passage du calcul sur 6 mois à l’ensemble de la carrière, l’intégration des primes ne suffira pas mais il aura, de plus, l’effet pervers de défavoriser encore une fois les femmes qui touchent globalement des primes moins importantes que les hommes, lorsqu’elles en touchent. 

Compensation de l’impact des enfants sur la carrière : la réforme prévoit une majoration de 5 % des pensions par enfant au lieu de 10 % à partir du 3e. Il est à craindre que les couples choisissent l’attribution de la majoration au père qui aura généralement une pension plus élevée, avec pour conséquence une perte pour les femmes en cas de séparation. De plus, la disparition des majorations de durée d’assurance (4 à 8 trimestres par enfant considérés comme cotisés) va entraîner une baisse de la pension versée à âge de départ égal.

Modification du calcul des pensions de réversion (qui bénéficient à 90 % aux femmes) : la réforme prévoit de reculer l’âge d’ouverture de ce droit, de le supprimer pour les personnes divorcées ou remariées, ne prévoit pas de l’étendre aux personnes pacsées et, dans la plupart des cas, le nouveau mode de calcul va entraîner une baisse de la pension de réversion.

Prise en compte de la pénibilité :la prise en compte de la pénibilité est encore en discussion mais, dans tous les cas, les conséquences spécifiques des métiers féminisés (stress, usage de produits d’entretiens, port de charges lourdes dans les métiers de la santé, etc.) sont très sous-évaluées.

L’augmentation des minima (dont les femmes sont les principales bénéficiaires) est une amélioration minime au vu de l’ensemble des conséquences désastreuses déjà prévisibles de cette réforme. Comme l’indique Delevoye : « La retraite est le reflet de la carrière ». Alors, pour les femmes, il y a 3 batailles à mener : pour un système de retraites solidaire qui efface les inégalités liées aux enfants, à la prise en charge des tâches domestiques, au chômage, à la précarité… ; pour l’égalité professionnelle (salaires et carrières) ; et pour une société débarrassée de toutes formes de discriminations !