Publié le Dimanche 23 décembre 2012 à 15h33.

Invitation à la culture.- Manifeste du parti communiste (livre et manga).- Karl Marx

Soumis par vienne86 le dim 23/12/2012 - 15:33

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Lire le Manifeste

(re) Lire la brochure

A la seule évocation du mot « Manifeste », il vient immédiatement à l'esprit de chacun « du parti communiste ». Il apparaît également dans notre conscience la devise incendiaire « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ».

Et pour cause : publié en 1848, le « Manifeste du parti communiste » s'avère être l'un des livres les plus lus du monde. Cette petite brochure de 23 pages publiées à l'époque en lettres gothiques et tirée à quelques centaines d'exemplaires s'est muée depuis la seconde moitié du XIXème siècle en best-seller.

1848 est synonyme de 1871, de 1917, de 1938, de 1956, de 1968 etc… Il s'agit d'un moment, comme tant d'autres, où la Révolution frappe de son souffle l'ensemble des castes dirigeantes européennes :

  • l'oligarchie orléaniste en France en février 1848 ;
  • la Märzrevolution contre les autocraties allemandes ;
  • ainsi que la révolution autrichienne contre le régime inique de Metternich.

Malgré l'accueil glacial reçu à l'époque, cet « ouvrage » est devenu ultérieurement le livre de chevet de tout révolutionnaire qui se respecte c'est-à-dire un petit manuel à l'usage de ceux qui veulent changer le monde.

Nul besoin d'introduire une gnose inutile, ni de gloser sur le sexe des anges.

L'auteur de cet article serait incapable de retranscrire la palette des idées développées. Car comme le disait Lénine « cette plaquette vaut des tomes », « cet ouvrage expose avec clarté et une rigueur remarquable la nouvelle conception du monde ». Tout et exactement tout y est.

Pour être plus précis, il présente notamment la division de la société en deux grandes catégories contraires, les possédants et les non-possédants, les oppresseurs et les opprimés, le prolétariat et la bourgeoisie, les 99% et les 1%. Ces deux classes sont nécessairement amenées à se combattre.

Et c'est dans cette lutte difficile que le prolétariat prendra conscience de sa force, qu'il acquerra la conviction qu'il doit s'émanciper par lui-même et seulement par lui-même.

Lire le manga

La connaissance que l'auteur de cet article possède sur la brochure du Manifeste l'a poussé à s'intéresser aux œuvres gravitant autour. Cet appétit l'a conduit à lire « Essais sur la conception matérialiste de l'histoire », de Antonio Labriola, « La genèse du socialisme scientifique » de Emile Botigelli.

A un moment il a décidé de s'arrêter. Non pas parce que ce qu'il lisait n'était pas intéressant. Au contraire, ces œuvres sont d'une importance fondamentale pour tous ceux qui s'intéressent à la théorie développée par Karl Marx.

Mais parce que l'auteur voulait revenir à plus de simplicité, se ressourcer, (re) découvrir le « Manifeste », appréhender la question sociale à travers un nouveau prisme. Et à ce moment-là, le manga constituait le meilleur moyen d'y arriver.

D'aucuns affirment que les sujets sont traités dans ce « genre » de manière superficielle et globale, parfois avec un humour qui frise le ridicule. Pour les tenants de cette thèse, le manga s'avère être une simple excroissance de la société de consommation, un sous-produit de la littérature proclamant solennellement sur l'autel de la publicité que tout se vaut, que tout est pareil, que la bêtise heureuse est la marchandise préférée de l'homme moderne.

A cette affirmation, ceux qui liront le « Manifeste » en manga seront comblés par la profondeur de l'analyse. Il est vrai qu'il existe des mangas qui prônent l'objectivisation de la femme, le dégoût de soi, l'égoïsme, la haine de l'autre etc... Toutefois, face à cette énumération subsiste le manga de la vie, qui pénètre notre chair et notre sang, qui est beau, beau dans sa complétude, beau dans son Humanité.

Le « Manifeste » en manga fait partie incontestablement de ces œuvres d'art. Il assemble dans une substance similaire la théorie et la pratique, la grande histoire et la petite histoire, le texte et l'image. En ne cessant de se fondre dans une même singularité, la théorie, la grande histoire ainsi que le texte finit par devenir pratique. A l'inverse, la pratique, la petite histoire et l'image à son tour devient théorie.

Dans cette perspective, la fiction acquiert contre toute attente l'élan formidable de la vie.

Autrement dit, le lecteur suivra le parcours de Bill, Frank, Simon, Normann, Bert etc… Il sera parfois déçu des actions de certains et le plus souvent fier d'être parmi eux, de faire partie de ceux qui sont pressurés jusqu'à la moelle par la Bourgeoisie.

En tournant les dernières pages fabuleusement ornées, l'auteur a entendu un cri profond surgir de ses entrailles, un hurlement qui résonne encore en lui :

« Les prolétaires n'ont rien à perdre que leurs chaînes . Ils ont un monde à gagner ».