Publié le Mercredi 26 octobre 2016 à 00h06.

Demandes d’asile : Fonctions régaliennes ? Mon œil !

Toutes les tendances de droite réclament la réduction des tâches de l’État, que celui-ci se concentre sur son « cœur de métier » (armée, police, justice, etc.), et qu’il laisse le reste au privé, réduisant ainsi massivement le nombre des fonctionnaires ! Le PS va dans le même sens... et parfois même encore plus loin !

Ainsi, le pré-accueil des demandeurs d’asile, qui relève a priori de ces fameuses « fonctions régaliennes » est depuis quelques temps, après appel d’offres, sous-traité à des organismes privés qui reçoivent les réfugiéEs, examinent leur cas et leur distribuent, ou non, le ticket qui leur permettra d’être reçu en préfecture pour la suite de la démarche. Après Coallia, très impliquée dans l’hébergement, c’est la Facem, organisme de formation, qui a remporté le marché, et qui fait le job de façon scandaleuse.

Dans les Hauts-de-Seine par exemple, elle a d’abord reçu les demandeurs d’asile dans des locaux situés sur une grande avenue, ce qui a déplu aux voisins, notamment à une entreprise qui occupait le même immeuble. En effet, pour être sûrs d’obtenir le précieux ticket, les réfugiéEs faisaient la queue sur le trottoir dès le dimanche soir, veille du jour de distribution, sans abri contre les intempéries, sans toilettes pour faire leurs besoins, et avec de temps en temps un peu de tapage nocturne... La Facem a donc déménagé pour un local indépendant situé entre des pavillons, dans une petite rue en lisière d’une zone d’activités. Et pour corser les choses, au lieu de distribuer le lundi les 80 tickets que lui confie hebdomadairement la préfecture, elle étale les choses sur 4 jours, si bien que des réfugiéEs doivent faire la queue 4 nuits et 4 matins consécutifs, et que les voisins doivent subir la gêne occasionnée plus de la moitié de la semaine.

Un accueil indigne

Des organisations humanitaires, MRAP et surtout Secours catholique, viennent tous les matins servir le petit-déjeuner et calmer le jeu avec les voisins quand ceux-ci s’énervent un peu trop. Mais pour le moment, il n’a pas été possible d’installer des toilettes de chantier, ce qui serait le minimum...

Face aux critiques, la Facem affirme que dans ses locaux, son travail est irréprochable et qu’elle n’est pas responsable de ce qui se passe sur la voie publique. Il paraît que la préfecture trouverait cet argument « osé ». On peut en tout cas trouver scandaleux son propre comportement. Cela fait peut-être quelques fonctionnaires en moins, mais même si les employés de la Facem sont moins bien payés que ceux de l’État, le coût pour les finances publiques est sûrement au final plus élevé. Et surtout, la façon dont on traite les demandeurs d’asile, sensés être de « bons migrants » (!), est carrément indigne.

On peut imaginer que, si un tel dispositif de pré-accueil avait été mis en place pour les automobilistes qui vont en préfecture retirer leur permis ou leur carte grise, le système n’aurait pas duré bien longtemps !

Jacques Capet