Publié le Jeudi 12 janvier 2023 à 12h30.

MobiliséEs pour défendre un lieu collectif pour les jeunes mineurs isolés à l’université Toulouse 3

Depuis mi-décembre 2022, une centaine de jeunes mineurs isolés étrangers ont pris possession d’un bâtiment inoccupé de l’université Toulouse 3. Ils sont organisés dans le collectif AutonoMIE et sont soutenus par des associations, dont TEC31 (TouTEs En Classe) qui assure des cours pour les jeunes mineurs.

Ces jeunes étaient à la rue car le Conseil départemental dirigé par le Parti socialiste, par l’intermédiaire du DDAEOMI (Dispositif départemental d’accueil, d’évaluation et d’orientation des mineurs isolés), ne reconnaît pas leur minorité et refuse ainsi de les prendre en charge. Les jeunes font ensuite un recours auprès du juge des enfants qui, à plus de 90 %, reconnait leur minorité. L’Aide sociale à l’enfance (ASE) peut alors les prendre en charge. Le temps de la procédure, ces jeunes se retrouvent à la rue.

Tant que le Conseil départemental et l’État mèneront une telle politique, des dizaines de jeunes mineurs se retrouveront sans logement et sans droit. Les jeunes et les associations ont donc besoin d’un lieu d’accueil permanent et collectif pour accueillir sans cesse de nouveaux jeunes. Cela permet d’organiser l’aide juridique, la poursuite des cours, l’aide ­alimentaire et sanitaire…

Occupation déclarée illégale par le tribunal

Pour toutes ces raisons, un lieu a été ouvert dans un bâtiment inoccupé de l’université Toulouse 3. Cette occupation a rencontré l’opposition de la présidence de l’université qui a saisi le tribunal administratif. Une parodie d’audience, deux jours avant le 31 décembre, a déclaré l’occupation illégale rendant possible l’expulsion des jeunes par la police. Jeudi 5 janvier, un huissier mandaté par la présidence de l’université a notifié un ordre de départ sous 48 h aux occupantEs, délai au-delà duquel les forces de l’ordre pourraient intervenir si le président de l’université le demandait.

La solidarité s’organise contre l’expulsion des jeunes

Face à cela, les solidarités se sont développées sur le campus universitaire. Personnels et étudiantEs, depuis le début de l’occupation, ont donné de nombreux signes de soutien : collectes solidaires, prise de position publique de la CGT contre l’intervention de la police. Dès le mardi 3 janvier, 200 personnels et étudiantEs se sont réuniEs à l’appel du collectif AutonoMIE et de la CGT. Une véritable réussite le jour de la rentrée universitaire. À la suite de la notification de l’expulsion le 5 janvier, AutonoMIE, TEC 31 et les organisations présentes sur l’université (CGT, UET, SUD, NPA, RP…) ont lancé une pétition qui a recueilli près de 1 500 signatures vendredi 6 janvier avec des équipes militantes devant 5 ­restaurants du campus !

Entre volonté d’expulser rapidement les mineurs du campus et pression solidaire de la communauté universitaire, la présidence est prise entre deux feux. Si elle a mis en place tous les éléments juridiques pour expulser, elle ne peut pas aujourd’hui assumer politiquement de mettre 100 mineurs à la rue. Le président sous-entend qu’il n’ira pas jusque-là et organise avec les pouvoirs publics (département, préfecture) une réunion pour trouver une solution. Il n’y a rien à attendre de ce côté-là car ce sont eux qui sont responsables de la situation de ces jeunes mineurs. Trouver une solution reviendrait pour eux à rompre avec la politique migratoire de Macron et Darmanin. Au mieux, ils proposeront des solutions individuelles aux jeunes alors que ce dont ils ont besoin c’est d’un lieu collectif et solidaire.

Faute d’un lieu mieux adapté, il faut donc augmenter la mobilisation sur le campus pour garantir des conditions de vie dignes dans le bâtiment actuellement occupé et continuer à nous battre contre les politiques racistes du pouvoir !