Publié le Dimanche 21 mars 2021 à 12h33.

Occupation du théâtre Sébastopol à Lille: construire la convergence des luttes

Vendredi 19 mars 2021. La veille, le gouvernement annonçait un confinement 7j/7 de plusieurs départements en France, dont le département du Nord. A Lille, où le théâtre Sébastopol est occupé depuis le 15 mars, la tension était palpable. On continue, on ne continue pas ? La question était posée.

Le théâtre Sébastopol est occupé depuis quelques jours par le collectif des interluttantEs 59/62[1] (intermittentEs du spectacle et leurs soutiens), comme par des gilets jaunes, des syndicalistes, des étudiantEs. Elle fait suite à l’occupation du théâtre du Nord, les interluttantEs ayant laissé la place aux élèves de l’école du théâtre pour aller occuper ailleurs. Fait rare au sein de ce mouvement inédit qui prend de plus en plus d’ampleur depuis l’occupation du théâtre de l’Odéon à Paris débutée le 4 mars dernier : cette occupation s’est faite avec l’accord de la mairie, et de la direction !

MilitantEs de différents mouvements ont donc champ libre pour occuper ce lieu (à peu près) comme bon leur semble, et les volontés sont là. EtudiantEs, syndicalistes de différentes professions, intermittentEs, gilets jaunes… se sont réuniEs ce 19 mars pour réagir à l’annonce du confinement. L’envie d’occuper le lieu était toujours là et, les conditions nous le permettant plus ou moins, de faire de ce lieu central à Lille un lieu où les différentes luttes peuvent se rencontrer, converger : là est la priorité. Une soixantaine de personnes s’est donc réunie vendredi 19 mars pour discuter concrètement des luttes à venir. ConfinéEs ou pas, on continue le combat !

L’occupation du lieu pour les jours à venir votée à l’unanimité, place aux discussions. Ce qui est incroyable avec ce genre de moment de lutte, c’est à quel point il permet à différents secteurs de se rencontrer. Les occupantEs ont pu notamment avoir le soutien d’une coalition de cafés/restaurants en lutte, qui réfléchit à différents moyens pour mettre à disposition leurs locaux inoccupés du fait de la crise sanitaire.

Les revendications sont larges : retrait de la réforme de l’assurance chômage, retrait du projet de loi sécurité globale, prolongation de l’année blanche pour les intermittentEs, et plus largement, une critique générale de la situation mortifère.

Car, les questions qui se posent au fond sont partagées par touTEs : qu’est-ce qui ne fonctionnait pas avant ? Pour qui rouvrir les théâtres ? Quelles modalités d’action mettre en place pour faire vivre ce mouvement ?

Au-delà des revendications sectorielles (importantes !), ce qui se pose, nous concerne touTEs, c’est la société qu’on veut. Comment penser le vivre et le jouer ensemble au sein des lieux de culture et en dehors, comment organiser la solidarité des précaires et sauvegarder nos passions ?

Comment se battre collectivement contre la précarité, et pour la justice sociale ? C’est grâce à l’occupation de ce genre de lieux que nous pouvons, en cette période morne, nous retrouver et discuter de tout cela, ensemble. Car, comme disait un camarade interluttant, « nous sommes toutes et tous des acteurs de la culture » !

 

[1]     https://www.facebook.com…