La loi de 2011 interdit en France la fracturation hydraulique pour l’exploitation des gaz et pétrole de schiste. Mais les pétroliers n’ont pas renoncé...
Après la décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise de réattribuer à Total son permis de Montélimar abrogé en octobre 2011, ils comptent bien sur le retour de la droite au pouvoir pour fracasser de la roche et polluer des régions entières. Dans l’attente, Total s’y essaie en Algérie, provocant heureusement une belle résistance locale, notamment à Salah dans la zone saharienne.
La France, seule en Europe avec la Bulgarie à interdire la fracturation, serait l’un des pays les mieux dotés en Europe, avec sous nos pieds des réserves estimées à 5 100 milliards de m3 de gaz… et comme elle ne produit plus de gaz conventionnel, elle l’importe, majoritairement de Norvège, mais aussi de Russie, des Pays-Bas et d’Algérie.
Les USA, hier encore gros importateurs de gaz et de pétrole, sont déjà les premiers producteurs de gaz au monde, et devraient devenir aussi les premiers producteurs de pétrole, dépassant l’Arabie saoudite dans les cinq ans qui viennent. Avec une production de 270 milliards de m3 par an, ils deviennent même exportateurs de gaz, avec des prix 3 à 4 fois inférieurs à ceux réclamés en Europe. Les entreprises américaines bénéficient d’un avantage concurrentiel fantastique.
Les entreprises françaises à l’offensive
On a donc appris cette semaine qu’après le Portugal et la Norvège, les entreprises françaises EDF et Engie allaient à leur tour importer ce précieux gaz. Engie a par exemple signé un contrat avec le groupe texan Cheniere sur cinq ans, pour douze cargaisons par an à partir de 2018. EDF a commandé 50 cargos à la même entreprise. La fracturation est interdite... mais pas l’importation. Et en plus, « c’est pas leur faute », quand ils importent, tout est mélangé : à peu près 50/50 gaz conventionnel et gaz de schiste, on ne peut pas trier !
Les importateurs plaident la diversification des approvisionnements et cherchent bien sûr à créer les conditions qui rendront nécessaires l’autorisation d’exploitation en France.
Ségolène Royal, ministre de l’Environnement et prétendue opposante à l’extraction du gaz de schiste, s’agite : elle a assuré qu’elle allait « examiner la façon dont nous pouvons interdire [cette importation] », ajoutant que les importateurs de ce gaz américain devraient « s’orienter vers d’autres marchés pour n’importer que des gaz d’origine conventionnelle ». Ils sont terrorisés ! Mais qu’est-ce qu’elle y peut ? La loi est pour eux, la France une exception, et le gouvernement moribond permet tous les espoirs à court terme aux exploitants.
Comme à Barjac en mars dernier, les collectifs contre le gaz de schiste, que le NPA soutient, ne doivent rien lâcher, et notre lutte contre le mensonge écologique de ce gouvernement ne doit pas cesser. Les hydrocarbures, et en priorité le gaz de schiste, doivent rester sous terre !
Commission nationale écologie