Publié le Mercredi 19 mars 2025 à 09h00.

Projets mortifères, non ! Urgences sociales et écologiques, oui !

Dans la foulée de la loi « d’accélération du nucléaire » de 2023, un décret du 3 juin 2024 a autorisé les « travaux préparatoires » des deux premiers réacteurs EPR2 décidés par Macron sur le site EDF de Penly. Une digue de protection maritime de la centrale (15 000 blocs de béton préfabriqués) est en construction. 

L’enquête de Reporterre-Mediapart parue le 15 mars révèle que ce béton ne respecte pas les normes requises. Le groupe Eiffage titulaire du marché (4 milliards d’euros) a choisi — au moindre coût — un fournisseur de granulats (les cailloux qui entrent dans la composition du béton). La nature de ces granulats peut déclencher une « pathologie » du béton (réaction alcali-granulat), qui fait gonfler et désagrège le béton. Évolutive et incurable, cette déstructuration s’accélère en présence d’eau. Gênant pour une digue !

EDF et les médias aux ordres minimisent, arguant qu’il ne s’agit pas du béton des bâtiments nucléaires. Pourtant la digue est classée EIP (élément important pour la protection) par l’Autorité de sûreté. En clair, sa fonction doit être garantie pendant la durée de vie de la centrale. Lors de la tempête de 1999, la défaillance de la digue de la centrale EDF du Blayais a provoqué l’inondation des locaux électriques ; un accident nucléaire majeur a été évité in extremis. En 2011, un tsunami a fait céder la digue de la centrale, provoquant la catastrophe de Fukushima. Gênant pour une digue…

Le chantier de Penly en est à son troisième directeur des travaux en six mois. L’omerta règne chez EDF. Quant au personnel Eiffage, soumis au harcèlement moral, il a saisi le CSE. En janvier, la Cour des comptes a émis des doutes sur les capacités industrielles et les moyens humains du « nucléaire à marche forcée ». L’EPR de Flamanville est toujours à l’arrêt jusqu’à fin mars et l’EPR2 de Penly repoussé de 2035 à 2038. 

Face à la banqueroute du capitalisme mondialisé, Macron et son guignol Bayrou veulent nous imposer de travailler davantage pour un nucléaire civil dépassé et le réarmement atomique. Des projets mortifères, au mépris des services publics, des salaires, de l’emploi et contraires aux urgences écologiques ? Non, définitivement non !