La politique économique de Hollande subit un échec cinglant. Celui-ci avait claironné sur tous les tons que la France devait absolument revenir à 3 % de déficit public en 2013. En fait, non seulement, l’objectif ne sera pas tenu mais la France, avec l’ensemble de l’Europe, s’enfonce dans la récession.Au 4e trimestre 2012, le PIB (ensemble des richesses produites) de la France a baissé de 0,3 % et sa croissance a été nulle sur l’ensemble de l’année. Le gouvernement va être obligé de revoir ses perspectives pour 2013. En fait, c’est toute l’Europe qui replonge : le PIB de la zone Euro a diminué de 0,5 % en 2012. Chacun des pays subit l’impact de sa propre austérité et de celle de ses voisins à travers ses exportations. Même l’Allemagne ralentit.
Question de « sérieux »…Pas un moment, Hollande, Ayrault et plus largement les responsables européens, ne s’interrogent sur leurs responsabilités dans la faiblesse de la croissance. Certes, la crise capitaliste est mondiale, mais c’est en Europe qu’elle est la plus forte. Et les dirigeants européens se considèrent comme ni responsables ni coupables. Les ministres des finances du G20 se sont réunis le 16 février à Moscou et leurs préconisations sur l’austérité sont certes un peu plus prudentes que d’habitude. « La prise en compte de la situation économique doit nous permettre de ne pas ajouter l’austérité à la récession », estime Moscovici. Mais il ajoute immédiatement « tout en conservant une orientation de moyen terme qui soit ancrée dans le sérieux ».
Valls en chien de garde de l’austéritéAyrault persiste et signe : « Ce qui compte, c’est la trajectoire. Nous allons la poursuivre. Nous allons dans la bonne direction. » Le gouvernement français s’apprête donc à plancher sur de nouvelles mesures d’austérité qui seront annoncées en mars-avril. Certaines coupes sont déjà assurées, comme celle des dotations aux collectivités locales qui devront se débrouiller pour gérer les aides sociales dont la responsabilité leur a été transférée. Et la réforme des retraites se profile.Le cap est donc fixé. Cela éclaire le sens des déclarations répétées de Manuel Valls sur les risques de « dérapages » dans les conflits sociaux. Au-delà du souci de l’individu de se mettre en avant, il s’agit de donner des assurances au patronat et aux autres gouvernements européens sur le fait que l’État français est prêt à « tenir » face à d’éventuels mouvements sociaux offensifs. Valls, si nécessaire, suivra l’exemple d’un Jules Moch (lui aussi socialiste) qui mobilisa CRS et militaires face aux grèves de 1947…Henri Wilno