Castex a annoncé jeudi 30 septembre des mesures concernant l’énergie. Mais c’est un pansement sur une jambe de bois face à l’augmentation généralisée des prix.
Ces dernières années, l’inflation concernait surtout le logement. Dans bien des grandes villes, se loger est de plus en plus difficile pour beaucoup de salariéEs et de jeunes. Mais ces derniers mois, le phénomène se généralise et l’inflation accélère en France. En août, elle a atteint 1,9 % (et en septembre 2,1 % sur un an) selon l’Insee. La Banque de France prévoit que la hausse sur toute l’année 2021 atteindra 2,8 %. Quant aux salaires, retraites, allocations, ils stagnent et donc nous perdons du pouvoir d’achat.
Des choix difficiles pour les ménages
Tout augmente. D’abord l’alimentation avec, sur un an (jusqu’en août), une nette hausse des produits frais (+ 6,8 %), notamment ceux des légumes frais (+ 11,3 %) et des fruits frais (+ 4,2 %). L’ensemble des fruits (frais ou non) augmentent de 3,6 % et l’ensemble des légumes de 6,2 %. Les viandes et poissons ainsi que les céréales sont également en augmentation. Concernant les produits manufacturés, l’accélération de l’augmentation de leurs prix sur un an est surtout alimentée par une hausse des prix des vêtements et chaussures, qui ont grimpé de 4,6 %. Enfin, il y a les prix de l’énergie qui accélèrent en août (+ 12,7 % par rapport à l’année précédente). La hausse des prix du gaz naturel et de ville se poursuit sur un an (+ 31,2 %). Les prix des produits pétroliers augmentent (+ 16,9 % après + 16,5 %).
Tout cela contraint beaucoup de ménages à des choix difficiles lorsqu’ils font leurs courses. D’autant que, dès le début du mois, une partie du revenu est déjà dépensée : loyers, charges, dépenses d’eau, d’électricité, services de télécommunications ou de télévision, assurances, remboursement d’emprunts immobiliers... Pour l’ensemble des ménages, le poids des dépenses qu’on appelle pré-engagées s’élève à 32 % de leur dépense totale. Toutefois, la part de ces dépenses dans le budget total est plus élevée pour les bas et moyens revenus que pour les ménages les plus aisés.
Les mesurettes du gouvernement ne règlent rien
Les économistes discutent des causes et de la durabilité de cette poussée des prix. Mais pour les salariéEs, les retraitéEs, les bénéficiaires d’allocations, le problème est immédiat. Et ce ne sont pas les mesurettes du gouvernement qui résolvent le problème. La hausse du SMIC (2,2 %) ne correspond d’ailleurs qu’à ce qui est prévu par la loi. Et ça ne règle pas le problème de la faiblesse du SMIC comme d’une bonne part des salaires. Quant au « chèque énergie » (six millions de ménages modestes vont recevoir 100 euros pour les aider à payer leur facture de gaz et d’électricité), c’est une aumône. Jeudi 30 septembre, Castex a annoncé de nouvelles mesures, ridiculement baptisées « bouclier tarifaire ». La hausse des tarifs réglementés de l’électricité, qui devait atteindre quelque 12 % début 2022, sera limitée à 4 % en 2022 grâce à une baisse de taxe. Le gel du prix du gaz également annoncé interviendra seulement après l’augmentation de 12,6 % le 1er octobre, et durera jusqu’à avril 2022 ; ensuite, la hausse supplémentaire prévue au cours de l’hiver sera « rattrapée » pendant les 12 mois suivants. Avril 2022, c’est la date de la présidentielle ! L’organisation de consommateurs « Que choisir ? » dénonce un « faux bouclier tarifaire » qui ne change rien aux mécanismes de hausse des prix. « Que choisir ? » appelle aussi à une mesure avec laquelle on ne peut qu’être d’accord : la baisse de la TVA sur le gaz et l’électricité. Mais, comme ses prédécesseurs, ce gouvernement se refuse à baisser cet impôt injuste !
Tout pour les riches et rien pour nous ?
Pendant ce temps-là, le taux de marge des entreprises augmente, dopé par les subventions publiques. Pendant la crise sanitaire, le taux de marge des entreprises a augmenté passant de 33,0 % fin 2019 à 35,4 % aujourd’hui, grâce aux dizaines de milliards de subventions publiques versées au patronat. Et les patrons du CAC 40 et leurs actionnaires se servent. Les patrons des 40 plus grosses capitalisations de France pourraient ainsi toucher, en moyenne, une rémunération de 5,3 millions d’euros, part fixe, part variable et bonus compris. Les actionnaires aussi devraient être bien rémunérés. Selon les estimations, plus de 50 milliards d’euros de dividendes pourraient être versés en 2021 en France (soit 10 milliards d’euros de plus qu’en 2020).
Face à une telle situation et aux cadeaux permanents du gouvernement aux grandes entreprises et aux plus riches, il n’y a aucune raison que « ceux d’en bas » continuent de voir leur pouvoir d’achat être rongé. Les mensonges du gouvernement qui fait des calculs acrobatiques amalgamant des mesures hétérogènes ne changent rien à l’affaire.
Outre la baisse de la TVA, il faut des mesures radicales concernant l’énergie qui doit être soustraite au privé et aux lois du marché (et gérée par un service public de l’énergie) car il s’agit d’un besoin fondamental.
Il faut surtout aujourd’hui une augmentation des salaires, retraites et allocations et, pour que ce gain ne soit pas éphémère, ils doivent augmenter à l’avenir comme les prix par un mécanisme d’indexation. Pour les salaires, il doit s’agir d’une vraie revalorisation et non pas de primes ou de défiscalisation, plus ou moins temporaires voire soumises à la bonne volonté des patrons (comme la « prime Macron »), qui n’apportent pas de droits pour la retraite ou si on perd son emploi.