Alors que le Mirail a été évacué la semaine passée, la mobilisation continue à Toulouse, autour du comité de mobilisation étudiant ainsi qu’autour des personnels administratifs grévistes. Nous avons interviewé Anna, membre du NPA Jeunes et de Solidaires étudiantEs, pour savoir quelles étaient les perspectives de la mobilisation.
Partout en France, les universités sont évacuées une par une. Lundi dernier, c’est à Rennes 2 que l’on a vu les CRS entrer dans l’université. Est-ce synonyme de la fin du mouvement ?
En tout cas, c’est le pari que fait le gouvernement. En choisissant la matraque, il espère mater toute velléité de contestation de sa politique antisociale. Mais la réalité est plus complexe. Si à certains endroits, l’expulsion a en effet plus ou moins signé la fin de la mobilisation des étudiantEs, comme à Tolbiac par exemple, dans d’autres facs la répression a fait grandir la colère de la jeunesse.
À Toulouse, c’est un peu mitigé. Au plus fort, nous étions presque 3 000 en assemblée générale, il y a quelques semaines. Depuis, ce chiffre a décru, mais nous étions quand même plusieurs centaines à nous réunir place du Capitole, dans les heures qui ont suivi l’expulsion violente du Mirail par les CRS.
C’est la fusion qui a fait débuter la mobilisation à Toulouse. Penses-tu qu’il est toujours possible d’empêcher ce processus ?
De fait, le projet a été rendu caduc en mars, lorsque le jury IDEX à rendu un avis défavorable à ce que les universités toulousaines touchent des subventions si elles fusionnent. Et la mobilisation des étudiantEs et surtout des personnels BIATSS (bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, santé et social) n’est évidemment pas étrangère à ce rendu du jury IDEX, même s’ils ne l’avoueront jamais. Notre lutte, initiée par les BIATSS, qui sont aujourd’hui organisés en collectif de mobilisation, dure depuis le 13 décembre ! Et les défenseurs du projet n’ont plus d’arguments pour le porter aujourd’hui, même s’il n’est pas encore définitivement enterré.
Quel bilan tires-tu de l’occupation du Mirail ? A-t-elle pleinement permis d’amplifier la mobilisation ?
À l’origine, l’occupation du Mirail était une réponse politique apportée aux risques d’intervention policière, mais aussi de milices fascistes comme à Montpellier. Dès les premiers jours, plusieurs soutiens ont dormi sur place avec nous : des cheminotEs, des -travailleurEs de la santé...
Mais au fil des semaines, et notamment parce que la préfecture jouait la carte de l’épuisement (nous savions que l’intervention policière était imminente mais ils nous ont tenus en haleine pendant près d’une semaine) des désaccords sont apparus. En effet, certains défendaient l’idée qu’il fallait défendre le Mirail comme un fort, coûte que coûte, plutôt que de privilégier une réponse politique et médiatique à la hauteur de ce que représente cette attaque. Et ainsi, ils tendaient à supplanter aux cadres d’auto-organisation (les AG et les comités de mobilisations) avec l’idée que seuls les « vrais occupants » devaient décider. Mais finalement, le jour de l’expulsion, qui a été particulièrement violente, nous avons réussi à apporter une réponse unie, commune, face aux forces de répression. Et cette réponse est notamment passée par la présence de plusieurs soutiens cheminots, au Mirail, au moment des faits.
Alors que la mobilisation à la SNCF a connu un rebond lundi dernier, comment se traduit la « convergence des luttes » à Toulouse ? Quels liens entretenez-vous avec les cheminotEs ?
Comme je disais précédemment, nous avons tissé des liens étroits avec les cheminotEs. Ils ont participé à un meeting de convergence que nous avons organisé au Mirail, le 10 avril dernier, et sont venus plusieurs fois dans nos assemblées générales, pour parler de leur lutte et nous apporter leur soutien. Les plus déterminés ont même dormi plusieurs nuits sur la fac avec nous. De notre côté, nous allons régulièrement dans leurs assemblées et tentons d’organiser un maximum d’actions communes, car c’est un même Macron, et les mêmes matraques, qui nous font face !