Lundi 18 mai, les collégienNEs des classes de sixième et cinquième situées en « zone verte » reprennent le chemin de l’école. Cette reprise se fera sous l’égide d’un « protocole » intenable avec le nombre de plus en plus restreint de personnels en charge de l’entretien des établissements. En résulte une succession de petites mesures (4m2 par élève, port du masque obligatoire pour les personnels, circulation et récréations réglementées…) qui vont transformer les collèges en petits centre pénitentiaires du point de vue ambiance, et peu efficaces du point de vue sanitaire. Les parents ne s’y trompent pas et peu prévoient de renvoyer leur enfant au collège.
Des masques « grand public », slip de papy qui ne protège de rien
Les masques dont les établissements ont été dotés sont des masques grand public de catégorie 1, qui ne sont pas des masques sanitaires. Ils ne sont pas FFP1 et encore moins FFP2 (les seuls masques qui protègent d’une infection). La protection extrêmement minime de ces masques perd toute son efficacité si les protagonistes en présence n’en portent pas toutes et tous. Or, dans beaucoup d’établissements et conformément au protocole national, les élèves ne seront pas tenus de le porter en classe. Laissant l’adulte seul avec le slip de papy sur la bouche (les masques en coton distribués font en effet sérieusement penser aux slips de nos grands-pères…). De plus, la classe étant un espace clos, les gouttelettes contenant une charge virale peuvent rester en suspension assez longtemps.
Des collègues qui se sentent en danger, mais qui pour beaucoup veulent reprendre
La nation apprenante et les vacances du même tonneau de Jean-Michel Blanquer sont un fiasco. Il est bien le seul à défendre un enseignement distanciel qui ne sert l’intérêt que de ses amis de « l’EdTech » (industrie du numérique éducatif). La plupart des élèves ont assez vite décroché face à des conditions d’enseignement intenables (manque d’équipement des familles, absence de connexion internet…) et ce ne sont que les initiés du système scolaire (familles chez lesquelles le « savoir savant » est intégré au quotidien ou qui ont les moyens d’avoir recours au privé) qui s’en sortent à peu près correctement. Ainsi les professeurEs, les CPE, les AED et les AESH se sentent impuissantEs dans leurs tâches d’éducation et d’enseignement. Aussi l’envie de retrouver les élèves passe souvent avant des revendications sanitaires plus poussées.
Une école hospitalière, 100 % publique avec des moyens pour fonctionner
Ainsi, ce printemps du retour en classe dans les collèges sonne pour beaucoup une répétition de ce qui se jouera en septembre. Le virus sera toujours là et des mesures analogues ont de fortes probabilités d’être prises. Ainsi, sans bataille politique, c’est une éducation au rabais, laissant sur le côté la moitié des élèves qui sera proposée. Recruter massivement dans toutes les catégories de personnel, rénover le bâti scolaire, revoir les programmes pour les démocratiser… tel devrait être l’objectif de l’été. Hors Jean-Michel Blanquer va encore pondre des vacances appre-navrantes qui ne convainquent que les éditorialistes patentés. Ce ministre doit partir, inventons l’école d’après !