Les enfants ont rejoint les bancs de l’école et les professeurs font déjà un premier constat, amers.
Les années passent, et les conditions d’enseignement se dégradent sans cesse. Que reste-t-il des manifestations et des grèves pour une éducation de qualité offerte à toutes et tous ? L’école française demeure marquée par de fortes inégalités. Même s’il affiche la volonté de combattre les inégalités, le nouveau ministre de l’Education, Luc Chatel, ne fait rien, cette année encore, pour changer les choses. En effet, faute de s’attaquer au cœur du fonctionnement du système éducatif, ce gouvernement ne contribue pas à réduire les inégalités, au contraire, il participe à les accroître.
Tour d’horizon du programme 2009-2010 des désastres en matière d’éducation.
Géographie : la carte scolaire étourdit déjà ces enseignants qui échouent dans des classes multiniveaux de plus de 30 élèves. L’augmentation des effectifs dans les classes des écoles, des collèges et demain, des lycées, ne provoque même plus la colère des enseignants, fatigués de ne pas être entendus.
Mathématiques : 12 millions d’enfants et d’adolescents retrouvent le chemin de l’école, encadrés par 825 000 enseignants du public et du privé, moins 13 500 postes en 2009 et 16 000 nouveaux postes supprimés dès 2010. Cumulés depuis la rentrée 2006, ces non-remplacements de départs en retraite se traduisent par près de 50 000 suppressions, soit environ 6 % des effectifs tandis que 120 000 jeunes sortent chaque année sans diplôme. Combien d’enfants sur le carreau d’ici la fin de l’année ?
Histoire : il était une fois… Xavier Darcos. Même évincé, les contre-réformes qu’il a initiées sont toujours là : le bac professionnel en trois ans au lieu de quatre, l’élaboration du lycée de demain à la rentrée 2010, la réforme de la formation des maîtres… Les syndicats feront-ils leur devoir de mémoire ?
Français : au programme, le champ lexical de la précarité. Emplois précaires, heures supplémentaires, dégradation des conditions de travail et de vie dans le service public d’éducation. Grâce à ce gouvernement, nos professeurs excelleront dans la conjugaison du verbe « galérer » au passé, au présent et sans nul doute, au futur.
Education physique : le combat des nerfs débute fort avec les 2 800 désobéissants du primaire, tandis que les lycéens et les étudiants se coordonnent déjà. Le bras de fer avec le gouvernement ne fait que commencer. L’année risque d’être sportive. A moins que…
Sciences : le risque de pandémie de grippe A (H1-N1) pourrait bien être fatal à l’éducation. En tous cas, avant même qu’il ne se déclare dans les écoles, il a déjà réussi l’exploit d’évincer des médias toutes les problématiques liées à l’éducation en ce début d’année ! On ne parle plus des postes supprimés et des conditions déplorables d’enseignement. A la place, on nous martèle les différentes dispositions en matière de prévention et d’anticipation de la pandémie (avec les programmes de substitution prévus sur les ondes et par Internet pour les écoles touchées). Fascinant.
Bref, sur la liste des fournitures, ne pas oublier les cachets d’aspirine car la proposition d’une réelle politique éducative n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’instant Luc Chatel est très occupé à chercher comment évaluer des enfants de cinq ans grâce à ses nouveaux « pôles maternelle ». Entre ça et le spectre de la grippe qui plane au-dessus de nos têtes, il n’a vraiment pas le temps. Finalement, fermée, l’école aura au moins le mérite de ne pas propager le virus de la contestation. Enfin, en théorie.
Coralie Wawrzyniak