Le gouvernement poursuit sa casse de l’Éducation nationale : suppressions de postes, remise en cause des statuts, baisse des budgets, etc. La riposte se doit d’être à la hauteur. Le gouvernement prétend que « l’Éducation nationale est une priorité », le budget 2011 augmentant de 1,6 %. Ce discours sert à habiller une politique systématique de casse du système éducatif. En réalité, hors pensions, le budget de l’enseignement scolaire est encore en baisse en euros constants et l’effort global ne cesse de diminuer depuis vingt ans, la part de la dépense intérieure d’éducation dans le PIB passant de 7,6 % en 1997 à 6,6 % en 2008. Personne n’est dupe des effets des suppressions de postes. Comment croire à une amélioration de la situation quand le gouvernement supprime 16 000 postes supplémentaires alors que le nombre d’élève augmente de 62 000 ! C’est Luc Chatel qui devrait retourner faire des maths à l’école… Les conséquences inévitables seront des classes fermées à la rentrée 2011, moins de remplacements, plus de précaires… La situation va s’aggraver nettement car à la rentrée 2010 le gouvernement avait « bénéficié », avec la masterisation, de l’arrivée de deux types d’enseignants (les reçus aux concours 2009 qui ont fait une année de formation rémunérée et les reçus 2010 qui ont directement été envoyés devant les élèves à temps complet, sans formation). Le gouvernement en est bien conscient puisque sa seule réponse est de « cacher les suppressions de postes, qui ne seront annoncées officiellement dans le primaire que le lendemain du second tour des élections cantonales… (on connaît déjà les répartitions départementales qui sont catastrophiques). Pour le gouvernement cela n’est pas encore assez. Cette politique de réduction du nombre de personnels s’accompagne d’une casse systématique des statuts. Des députés UMP ont déposé le 13 janvier une proposition de loi visant à « rationaliser les dépenses de l’État », en réservant le statut de fonctionnaire aux agents assurant une fonction régalienne de l’État. Les autres, soit 80 % des fonctionnaires dont toute l’Éducation nationale, relèveraient du code du travail, c’est-à-dire seraient versés dans le secteur privé. Après la provocation de Christian Jacob proposant de supprimer « l’emploi à vie » des fonctionnaires, remplacé par des CDD de cinq ou dix ans, la surenchère anti-fonctionnaire n’est pas prête de cesser… Face à ces attaques, la réponse des directions syndicales est pour l’instant faible. Chérèque s’est même permis un « soutien » aux provocations gouvernementales : « Le débat doit aussi porter sur la nature de ces services : il y a des fonctions régaliennes à maintenir sous l’autorité directe de l’État (parmi elles, le triptyque police – armée – justice) qui doivent être assurées par des fonctionnaires… Pour l’ensemble des autres missions, qu’elles soient conduites par le public ou par des opérateurs privés, l’État doit assurer contrôle, évaluation et péréquation afin de garantir la cohésion, la solidarité et l’objectif de réduire les déséquilibres territoriaux et sociaux. Une mission de service public ne se résume pas à la forme juridique de l’entreprise ou au statut du personnel. » On croirait du DSK ! Cela revient à capituler devant la droite la plus libérale qui veut aller vers une privatisation de l’école. On remarque au passage que le gouvernement, après avoir supprimé 1 600 postes dans le privé sous contrat, en a rétabli 250 en prélevant 4 millions d’euros au public, sous la pression du lobby catholique de la FNOGEC. La manifestation du 22 janvier contre les suppressions de postes a été peu préparée par les syndicats enseignants. Il est pourtant urgent d’organiser une riposte à la hauteur des attaques. La grève du 10 février doit être une échéance importante pour mobiliser les collègues contre cette politique de destruction. Elle doit permettre d’aller vers une mobilisation unitaire, large, rassemblant les lycéens (qui subiront la poursuite de la réforme du lycée avec des baisses d’heures en première), les parents d’élèves et tous les personnels, enseignants et non enseignants. Il y a urgence à arrêter ce massacre. Antoine Boulangé