Lorsqu’on observe l’ensemble des réformes et changements à l’œuvre dans l’Éducation nationale, on a l’impression d’un rouleau compresseur, désordonné, attaquant sur tous les fronts, dont le maître mot est la réduction des « coûts ». Cela commence par la suppression de 16 000 postes d’enseignants cette année (soit près de 65 000 postes supprimés depuis 2007), alors que les effectifs d’élèves sont en hausse ; puis le fichage des élèves avec Base-élève ; les réformes des programmes du primaire à l’université, mettant en place le socle minimum au rabais et diminuant les heures d’enseignement. Il faut également inclure l’élévation du niveau de recrutement à bac+5 (au lieu de bac +3), diminuant le nombre de candidats au statut de fonctionnaire. Sans compter l’ouverture d’une discussion sur le statut de fonctionnaire et la généralisation du CDI dans la fonction publique d’État…En réalité, la politique du gouvernement depuis cinq ans est un immense « Tetris », dont chaque pièce vient s’emboîter parfaitement avec les autres et dont la logique est de renforcer l’école de classe, d’assurer que les pauvres soient fichés dès le plus jeune âge et n’en apprennent pas plus que nécessaire à leur emploi, tout en mettant en avant une élite (« l’excellence »), qui justifie la médiocrité de la majorité…Il faut garder à l’esprit cette cohérence du gouvernement, pour ne pas tomber dans le piège des négociations hâtives (comme le font trop souvent les directions syndicales) et avancer sur un projet d’urgence, en positif, qui réclamerait : - la création de 70 000 postes d’enseignants ; - des effectifs maximum de 20 élèves par classe ;- la titularisation de tous les précaires ;- le retour au tiers-temps pour les stagiaires ; - des augmentations de salaires ! Mais ce programme d’urgence ne peut s’obtenir que grâce à un mouvement d’ensemble. Ce qui signifie la nécessité d’un plan d’action mêlant journées d’action nationales et grèves locales, relayé et impulsé par les syndicats, dont le but serait une grève massive dans notre secteur. Bref : face à ce gouvernement de combat, il faut une stratégie radicale de luttes !Révoltons-nous !Le 19 mars, 30 000 enseignants, parents d’élèves et jeunes se sont mobilisés et ont manifesté dans toute la France, ce qui n’est pas ridicule pour une manifestation le samedi, alors qu’en plus cette journée apparaissait comme isolée. Actuellement, des assemblées générales d’enseignants et parents d’élèves se montent dans différents départements (93, 94, 92 nord…), des manifestations et appels à la grève locaux ont lieu. Cependant, les défaites des années passées et de l’automne sur les retraites, pèsent sur les enseignants et rendent plus difficile la mobilisation. La prochaine étape de construction sera autour du 1er avril, lorsque le nombre des suppressions de postes dans le primaire sera connu. Dès aujourd’hui, construisons une convergence entre le premier et le second degré, en lien avec les parents d’élèves et les jeunes. Cela passe par la mise en place d’assemblées générales dans les établissements, les villes, les départements, pour discuter tous ensemble des réformes, élaborer un projet pour l’éducation et construire la lutte contre Chatel et Sarkozy !
Raphaël Greggan