La politique du gouvernement constitue un grand coup contre le service public d’éducation, les statuts des personnels et les élèves des classes populaires. La réforme des retraites amputerait les pensions de 200 à 1 100 euros mensuels. Avec des pensions allant de 1 000 euros, dans le pire des cas, à 2 200 euros brut, dans le meilleur des cas, en passant par 1 540 euros dans la majorité des cas, le système par points entraînerait dans la pauvreté de la presque totalité des retraitéEs. Les appels intersyndicaux et de la coordination nationale de Toulouse à une grève à partir du 5 décembre contribuent à préparer la grève reconductible et incitent à créer des comités de mobilisation.
À la dévalorisation salariale, les réformes Blanquer ont ajouté la dévalorisation et la perte de sens du métier. Les dédoublements de CP et de CE1 et l’instauration des évaluations à tous les niveaux de l’école, du collège et du lycée sont un moyen de mettre sous contrôle permanent les professeurEs.
Les réformes de Parcoursup, du baccalauréat et des lycées pilotent les pratiques enseignantes avec des évaluations permanentes. En plus de la prise en compte pour 10 % des notes des bulletins trimestriels, les épreuves communes de contrôle continu vont instaurer une pression permanente sur les enseignantEs et les élèves. Le contrôle institutionnel ne s’arrête pas là puisqu’une « commission d’harmonisation académique » sera chargée de comparer toutes les notes pour un même exercice et pourra les changer selon son bon vouloir. Les enseignantEs deviennent de simples exécutants des directives ministérielles.
Alors que les salaires sont bloqués, l’intensité du travail, la dégradation des conditions de travail et la multiplication des tâches mettent une grande majorité des enseignantEs en situation de surmenage.
Appauvrissement des retraitéEs
Le calcul des pensions à partir du salaire du sixième mois avant le départ en retraite permettait de maintenir des pensions correctes, même si l’instauration de la décote a contribué à les diminuer ou à retarder l’âge du départ. Cela permettait de compenser les salaires faibles de début de carrière et de rendre supportables des carrières longues et difficiles.
L’instauration du système par points ferait baisser les pensions de 190 à 1 300 euros selon les catégories de personnels. SUD Éducation a créé un site dédié avec un outil de simulation pour comparer les montants des pensions avant et après la réforme pour des carrières complètes. Un personnel administratif (ADJAENES) qui commencerait à travailler à 23 ans et partirait à 62 ans perdrait 190 euros avec une retraite brute à 906 euros au lieu de 1 096 euros. Une professeure des écoles (PE) qui commencerait à travailler à 24 ans et partirait à la retraite à 62 ans perdrait 567 euros avec une retraite brute de 1 291 euros au lieu de 1 858 euros. Le cas moyen se calcule en considérant une certifiée qui commencerait à 24 ans et partirait à 64 ans en prenant en compte 5 ans en réseau d’éducation prioritaire et la prime de professeur principal (ce qui n’est pas prévu dans le rapport Delevoye). Elle partirait avec une pension de 1 540 euros au lieu de 2 220 euros dans le système actuel.
La grève reconductible se prépare
L’appel de l’intersyndicale nationale contre la réforme des retraites du 16 octobre regroupe les syndicats de l’Éducation nationale CGT, FO, FSU, Solidaires et les syndicats étudiants et lycéens FIDL, MNL, UNL et UNEF. Il appelle à « une première journée de grève le 5 décembre ». Il a été complété par un communiqué de presse des syndicats du second degré, auxquels se sont joints le SNLC et le SIES le 24 octobre, qui appelle à « préparer et réussir et réussir ensemble la grève interprofessionnelle du 5 décembre et ses suites. »
Si ces communiqués peuvent paraître frileux sur les suites du 5 décembre, certains appels départementaux vont plus loin comme en Seine-Saint-Denis. Les syndicats CGT, FO, FSU, SUD Éducation, CNT Éducation et SE-UNSA « appellent touTEs les salariéEs, à préparer dans l’unité les conditions de la grève à partir du 5 décembre. Ils engagent toutes leurs structures syndicales locales […] à tenir des assemblées générales, des réunions de mobilisation, des tournées afin que, avec les collègues, nous décidions, tous ensemble, la grève et sa reconduction, pour défendre les revendications sur la réforme des retraites. »
Partout, des réunions publiques commencent à se tenir, des comités de mobilisation interprofessionnels se forment, des AG d’établissement votent des appels et préparent la grève.
Des revendications ancrées et unifiantes
Créer les conditions de la mobilisation, c’est aussi proposer des plateformes susceptibles de résoudre les problèmes spécifiques de chaque secteur et d’enclencher la convergence entre les secteurs. Ainsi la coordination de Toulouse du 9 novembre reprend l’intégralité des revendications du mouvement de l’an dernier et l’intersyndicale 93 affirme que « faire reculer Macron et son gouvernement sur les retraites, c’est créer les conditions de la reconquête de nos droits », avec des revendications qui poursuivent le combat contre les réformes Blanquer, pour des moyens et des créations de postes.
Construire l’auto-organisation
Enfin il convient de construire la grève comme un outil collectif pour gagner, auto-organisé, avec des assemblées générales qui décident des revendications et des modalités de la lutte. À la RATP c’est la grève illimitée qui est préconisée, à la SNCF on parle de grève reconductible, dans l’éducation il s’agit de faire grève à partir du 5 décembre. Les modalités de la grève sont à décider en AG : doit-on décider de reconduire la grève chaque jour ? Comment aider à se projeter dans une grève de longue durée ? L’importance du mouvement de grève le 5 décembre et de la présence aux assemblées générales aideront sans aucun doute à reconduire !
François Montreuil