La rentrée du gouvernement en matière d’éducation, c’est sélection sociale, austérité budgétaire et casse du statut des enseignantEs.
Le gouvernement a beau s’agiter dans tous les sens, à grands renforts de com, pour faire croire qu’il agit en faveur de l’éducation, sa politique est claire : sa vision de l’école est celle d’une école de la sélection sociale.
Pénurie budgétaire organisée
L’an dernier, malgré la mobilisation des étudiantEs, il a mis en place la sélection à l’entrée de l’université avec Parcoursup. En cette rentrée, ce sont plus de 50 000 étudiantEs qui sont sans aucune proposition d’affectation, et 170 000 jeunes qui ont quitté la plateforme sans qu’on sache ce qu’ils et elles sont devenus. Au lieu d’augmenter les budgets de l’enseignement supérieur pour permettre à tous les jeunes de pouvoir étudier, avec cette réforme, les universités peuvent désormais choisir leurs étudiantEs. Le résultat, ce sont des milliers de jeunes qui se retrouvent sur le carreau, notamment les jeunes issus des lycées de quartiers populaires.
Cette sélection sociale, elle commence en réalité dès la maternelle. Voilà plusieurs années maintenant que les différents gouvernements organisent la pénurie budgétaire dans l’éducation. Des classes de collège et de lycée à plus de 40, des effectifs dans les écoles primaires et maternelles qui dépassent 30, voilà désormais la norme. Bien évidemment, c’est une première forme de sélection sociale. Quand les enseignantEs n’ont pas la capacité matérielle de s’occuper de l’ensemble de leurs élèves, ce sont ceux qui sont déjà les plus fragiles qui en pâtissent en priorité. La réforme de l’enseignement professionnel laisse bien entrevoir comment ce gouvernement considère les jeunes qui resteront sur le bord de la route après la mise en œuvre de l’impitoyable sélection : baisse du nombre d’heures des enseignements généraux pour former de futurs salariéEs qui seront de la main d’œuvre corvéable à merci.
En ligne de mire : le statut des fonctionnaires
C’est cette réalité que Macron et son gouvernement cherchent à masquer avec la « politique spectacle » en faveur des REP+. Depuis le début de sa mandature, le gouvernement affiche sa mesure phare des CP et CE1 dédoublés en éducation prioritaire. Mais cette mesure n’est que l’arbre qui cache la forêt du délabrement de l’école. Même en REP+, les effectifs explosent dans les autres niveaux de classe : les classes de CP et de CE1 sont à 12, mais les classes de maternelle et les classes de CE2, CM1, CM2 frôlent les 30 élèves. De même, la prime de 3 000 euros pour les enseignantEs de REP+, promise durant la campagne présidentielle, est loin de l’objectif affiché d’une reconnaissance des enseignantEs qui exercent dans des conditions difficiles. En effet, Blanquer a annoncé qu’une partie de la prime serait versée « au mérite ». Tel est le réel objectif de ce prétendu cadeau : introduire la rémunération au mérite des enseignantEs. Avec le projet CAP 22, c’est bien au statut des fonctionnaires que compte s’attaquer le gouvernement.
L’an dernier, les mobilisations ont été nombreuses dans l’éducation, contre les fermetures de classes et les baisses de dotations dans les collèges et les lycées, contre la suppression des emplois aidés, et bien évidemment contre la mise en place de Parcoursup. Mais pour gagner, c’est un mouvement unifié, de la maternelle à l’université, que nous devons construire, en arrêtant les mobilisations fragmentées, établissement par établissement. Ensemble, étudiantEs, enseignantEs, parents d’élèves… nous pouvons imposer une éducation de qualité, ouverte à tous et toutes, y compris aux enfants d’ouvrierEs et des classes populaires.
Juliette Stein