Publié le Vendredi 15 janvier 2010 à 18h44.

Éducation : non aux évaluations nationales

Après la résistance de nombreux enseignants au « soutien » censé résoudre la difficulté scolaire, le projet d’évaluations nationales en CM2 et CE1 a probablement été l’élément de trop qui cristallise le reste. En janvier 2009,Xavier Darcos, alors ministre de l’Éducation nationale, annonçait son nouveau projet d’évaluations-bilans nationales en CM2 et CE1. L’affichage public était de faire passer à tout le monde au même moment (une semaine en janvier pour les CM2, une autre en mai pour les CE1) le même examen. On pouvait bien sûr penser que cette mesure n’était qu’un « détail », comparée aux 50 000 suppressions de postes d’enseignants en cinq ans, la disparition programmée des réseaux d’aide (Rased) et le concours externe dont le nombre de postes est passé de 11 059 en 2002 à 6 577 en 2010. Pourtant, ces évaluations posent trois problèmes : elles sont fondées sur les programmes 2008 qui avaient été largement contestés par les enseignants quelques mois plus tôt lors d’une « consultation nationale » organisée par le ministère lui-même. Le système de notation ne donne pas le droit à l’erreur, soit tout est bon et c’est un point, soit c’est 0, qu’il y ait une ou cinq erreurs, cette pratique allant à l’encontre des usages quotidiens dans les classes où l’on évalue les progrès des élèves, indépendamment de leur niveau. Enfin, en réponse à l’augmentation des salaires revendiqués également par les enseignants, une prime de 400 euros était la « récompense » à l’organisation des évaluations. 30 % des enseignants ont refusé de rentrer dans le moule, en boycottant les évaluations ou ne faisant pas remonter les résultats. La machine ainsi enrayée n’a pu permettre au ministère de faire de statistiques fiables. Pourtant, cette année encore, le processus est remis sur les rails. Là encore, de nombreux enseignants tenteront de résister malgré des pressions hiérarchiques de plus en plus fréquentes. Le NPA soutient les 200 enseignants qui ont déjà lancé un appel contre ces évaluations et défend qu’il faut, partout où c’est possible, tenter d’organiser leur boycott. Néanmoins, ces luttes locales, partielles, n’ont à aucun moment trouvé d’échos et de relais de la part des directions syndicales qui ont systématiquement refusé les mots d’ordre de boycott à l’échelle nationale. Nous avons été nombreuses et nombreux en juin à constater le « gâchis » de la mobilisation au regard des opportunités qu’offraient les grèves de janvier et de mars. Toutes les mobilisations éparpillées doivent aujourd’hui trouver les moyens de se coordonner, de converger. Le 21 janvier, la grève dans la fonction publique devra être l’occasion de porter nos revendications sectorielles, mais aussi les revendications salariales et le refus de la privatisation latente de l’ensemble des services publics. Mais cette journée seule ne nous fera pas gagner. Il faut durcir la mobilisation par la grève reconductible en s’appuyant, notamment dans l’Éducation nationale, sur des équipes militantes mobilisées et le mouvement dans les universités. Cette journée de grève se déroule la semaine des évaluations des CM2 pour le premier degré, une semaine après la journée d’actions contre la réforme des lycées dans le secondaire et une dizaine de jours avant la manifestation nationale de l’Éducation, le 30 janvier. Nous avons donc là une possibilité de construire la mobilisation, de lui donner quelques perspectives, mais en premier lieu, et même si c’est une évidence, pour être nombreuses et nombreux à tenter de construire un mouvement durable, nous devrons convaincre qu’il faut être massivement en grève le 21 janvier. Armelle Pertus