Vincent Peillon a dévoilé sa réforme pour l’éducation prioritaire. En apparence, il s’agirait surtout d’heures de cours en moins pour les enseignantEs et l’augmentation de l’indemnité ZEP (zones d’éducation prioritaires) pour une minorité d’entre eux. Salué notamment par le SNES et le SNUipp, l’ensemble du plan s’inscrit en réalité dans le contexte de baisse des dépenses dans le cadre de la modernisation de l’action publique (MAP) et prépare la nouvelle offensive du gouvernement contre le statut des enseignantEs.
Les moyens continuent de baisser... Sur 1 000 ZEP, moins d’un tiers serait vraiment concerné. Les autres établissements seraient donc privés des moyens correspondants (et 10 % des ZEP sortiraient de la nouvelle éducation prioritaire). L’annonce des dotations horaires pour la prochaine rentrée scolaire le confirme.Ainsi, dans le 92, 27 établissements, sur les 31 classés ZEP, sont touchés par des baisses de moyens. Le mouvement de grève initié le 20 janvier par un collège de Villeneuve-la-Garenne qui perd 56 heures a fait boule de neige : 200 enseignants étaient présents, 20 établissements représentés, à l’AG du mardi 28 janvier. Ils se sont ensuite retrouvés à 600 devant le ministère.Certains établissements se sont mis en grève reconductible et ont ponctué la semaine avec des actions de blocage avec les parents et de diffusion sur les marchés.La journée de grève, appelée par l’AG et l’intersyndicale le mardi 4 février, avec AG départementale, porte la revendication de créer 2 000 heures minimum nécessaires pour le département.Terrain d’expérimentation sur le statutCe plan pour les ZEP permet au gouvernement de revenir à la charge avec le projet Peillon sur le statut, rejeté par les enseignants en décembre.Il conduirait à la soumission des personnels au cadre local : chaque réseau voulant des moyens supplémentaires devrait construire un « projet de réseau sur la base du référentiel des meilleures pratiques ». Ces projets finalisés sous la coupe des chefs d’établissement vont « organiser la vie de l’école et de l’établissement ». « Des affectations ciblées en fonction des besoins locaux et du projet éducatif » seraient rendues possibles.Dans ce cadre, il ne s’agit pas de baisser le temps de travail des enseignants en ZEP mais plutôt d’intégrer à leur service de multiples « missions » définies localement. Sous couvert de « suivi des élèves », figurent notamment la coopération avec les partenaires locaux dans le cadre du projet éducatif territorial et la mise en œuvre du « parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel ».À cette fin, « le travail en équipe doit être coordonné et répondre à des objectifs précis ». Le plan prévoit une hiérarchie intermédiaire avec des coordonnateurs, les temps de travail en équipe seraient « institués dans les emplois du temps » et le conseil école-collège (qui vise à l’implantation de l’école du socle) serait effectif.Construire un puissant mouvementPeillon utilise les ZEP pour accentuer l’individualisation des conditions de travail, la casse des garanties collectives et l’augmentation de la charge de travail des enseignants, tout en excluant les élèves en difficulté, envoyé vers la précarité professionnelle... Un tel plan a vocation à être généralisé partout. C’est tout l’inverse qu’il faudrait : de réels moyens pour créer massivement des postes, baisser le nombre d’élèves par classe, diminuer la charge de travail des personnels, particulièrement en ZEP. Cela suppose un puissant mouvement de grève, ayant comme premier objectif le retrait définitif du projet Peillon sur le statut et le rétablissement de tous les postes supprimés. Le gouvernement est à la manœuvre, s’appuyant sur les « concertations » après avoir été mis en difficulté par la mobilisation de décembre en défense du statut. Plus que jamais, une telle perspective est indissociable du combat à mener pour que les organisations syndicales, notamment la FSU, rompent avec le gouvernement.La commission d’animation Éducation nationale