Les grévistes dans les établissements scolaires étaient largement majoritaires (plus de 60 %) pour les journées du 19 et 31 janvier 2023, ce qui montre une forte détermination du milieu contre la réforme des retraites. Impossible de s’imaginer des enseignantsE, des personnels de l’Éducation nationale (AESH, ATTE, etc.) encore avec des élèves à 64 ans.
La réforme Macron apparaît comme un révélateur de toutes les réformes subies par l’Éducation nationale. Non seulement toutes celles sur les retraites, à commencer par la réforme Touraine, qui porte à 43 ans le nombre d’annuités pour espérer une pension à taux plein ou la fin de la cessation progressive d’activité (CPA) qui permettait de finir sa carrière à temps partiel en étant payé à 100 %, pourtant supprimé en 2010. Nous exigeons un retour à 60 ans, après 37,5 annuités et un taux plein sans décote.
La colère vient également des réformes qui ont détricoté les conditions de travail ces dernières années. Que ce soit l’augmentation du nombre d’élèves par classe, l’augmentation du temps de travail avec des heures sup imposées, ou la perte du sens du métier avec les évaluations permanentes, le bac en mars, la destruction du bac pro, la sélection à l’université (Parcoursup) ou des enseignements limités au socle…
Pap Ndiaye, le pompier pyromane
Macron a décidé d’envoyer son meilleur homme pour convaincre les personnels. Pap Ndiaye propose un pacte avec le diable. L’enseignantE qui acceptera de le signer verra son salaire augmenter de 10 %, contre une augmentation de 11 % à 13 % de son temps de travail !
Les classes resteront surchargées, car au lieu de profiter de la (petite) baisse démographique à venir, le ministre supprime des postes d’enseignantEs. Plutôt que d’ouvrir et de diversifier les enseignements pour que chaque enfant trouve sa voie et son intérêt à l’école, la rue de Grenelle préfère renforcer l’enseignement des maths au détriment de l’enseignement technologique en 6e. Et Pap NDiaye s’étonne du manque d’intérêt et de candidats pour la profession. Sans doute que sa politique, dans la continuité de Blanquer, y est pour beaucoup.
Un énervement palpable
Les personnels de l’éducation ont répondu présents dans les grèves et les manifestations. Des établissements en Seine-Saint-Denis ou à Paris ont tenté de partir en grève reconductible début février. Une grève marchante, pour construire et renforcer les dates de mobilisation suivantes, pour étendre la grève à d’autres secteurs.
Cependant, la période de vacances scolaires roulante, qui s’étend sur tout le mois de février, ralentit la mobilisation dans l’Éducation nationale. En réalité, ce secteur pourrait être moteur dans la grève reconductible, même si pour l’instant, il reste en attente d’un autre secteur pour l’épauler. La mobilisation recouvre des rythmes différents d’un bout à l’autre du territoire et il nous faut, collectivement, trouver les bons rythmes. C’est la tâche de l’heure.
Pour cela il est indispensable de se coordonner, par des assemblées générales de l’éducation. Les AG interprofessionnelles peuvent se mettre en place lorsqu’au moins deux secteurs seront ouvertement dans la bataille. Des AG également à tous les échelons (le quartier, la ville, le département, la région et nationalement), en accompagnant les rythmes des grévistes, avec leurs avancées et leurs reculs, en gardant un caractère représentatif et majoritaire. Nous devons reconstruire ce que nous avons perdu lors du confinement.
Là où ces AG existent déjà, il faut arriver à leur donner corps dans les manifestations (banderoles communes) ou bien au travers d’actions locales (retraite aux flambeaux, réunion publique, bal…). Notre tâche est de rendre visible et palpable le changement d’état d’esprit de la population contre Macron et sa réforme.
En outre, pour l’heure, l’intersyndicale nationale donne les rythmes, et il n’est pas question aujourd’hui de briser l’unité syndicale. Cependant, il faut arriver à imposer une grève générale reconductible, dont la décision appartient en dernière instance aux grévistes.
La grève pour la victoire
La route est étroite, mais, pour la première fois, nous avons les moyens de gagner contre Borne et sa clique de corrompus. Dans la bataille qui commence, le gouvernement pourra reculer sur des aspects qui lui semblent secondaires (mais centraux pour nous), comme il l’a déjà fait sur la durée des stages en lycée professionnel. C’est le moment de se mobiliser, de relever la tête et d’exiger non seulement une retraite et des salaires décents, mais aussi une école démocratique et émancipatrice. Et si Macron refuse, alors il faudra s’en débarrasser.