(Vous pouvez voir une interview de Kai Terada sur la chaine Youtube de l'Anticapitaliste)
Dimanche 4 septembre, trois jours après la rentrée, Kai Terada, professeur de mathématiques au lycée Joliot-Curie de Nanterre, reçoit du rectorat un arrêté de suspension de quatre mois. Aucun motif ne lui est indiqué.
On refuse de lui communiquer les conclusions de « l’enquête à 360° » menée l’année passée sur l’établissement par des inspecteurs généraux. En revanche, on lui annonce qu’il fera certainement l’objet d’une « mutation dans l’intérêt du service ».
L’arbitraire le plus complet
Il s’agit d’une première. Sous le ministère Blanquer, la hiérarchie a plusieurs fois utilisé la « mutation dans l’intérêt du service » comme forme de sanction déguisée contre des syndicalistes : au collège République et à l’école Louise-Michel de Bobigny, à l’école Pasteur de Saint-Denis… Ici, l’administration utilise une combinaison inédite : la suspension de quatre mois et la mutation dans l’intérêt du service. Pourtant, une suspension de quatre mois, qui est considérée comme une mesure conservatoire, devrait aboutir soit à une procédure disciplinaire, soit à une réintégration, s’il n’y a pas matière à sanction. L’avantage de cette combinaison, c’est que l’administration n’a absolument pas à motiver sa procédure : c’est l’arbitraire le plus complet.
Si le rectorat s’attaque aujourd’hui à Kai Terada, c’est parce que c’est un militant syndical bien connu non seulement à Nanterre, mais au-delà dans toute l’Île-de-France et même nationalement. Il a été une des chevilles ouvrières du mouvement « Touche pas ma Zep », contre la sortie des lycées du dispositif d’éducation prioritaire, puis de la grève du bac.
La réaction de ses collègues du lycée Joliot-Curie a été exemplaire. Immédiatement, ils et elles se sont mis en grève reconductible, avec une exigence simple : sa réintégration immédiate. Le 13 septembre, le rassemblement devant la DSDEN de Nanterre a été un véritable succès : plus d’une centaine de personnes, avec des établissements voisins en grève, comme le collège Gay-Lussac de Colombes ou le collège Newton de Clichy. Des grévistes étaient également venus d’autres départements, du 93, du 95… Le soir-même, une AG de soutien a réuni 120 personnes à la Bourse du Travail de Paris.
Cet élan de solidarité a poussé l’intersyndicale de l’éducation à se réunir non seulement au niveau départemental et académique, mais même au niveau national.
Le mercredi 21 septembre, le comité de soutien à Kai Terada organisait un rassemblement devant le ministère et appellait à la grève nationale contre la répression dans l’éducation. L’intersyndicale nationale avait appelé à rejoindre ce rassemblement et avait déposé des préavis pour couvrir les grévistes.
Il est absolument essentiel de faire reculer le ministère sur le cas de Kai Terada, car s’il réussit à le muter de force, ce sera un précédent pour l’ensemble des militants et militantes. À l’inverse, faire reculer le rectorat et le ministère serait une victoire qui donnerait confiance à tout notre secteur.