C’est reparti pour le retour des évaluations nationales standardisées qui permettront évidemment au gouvernement de dire que le niveau chute.
On connaît bien la chanson qui vise à nous faire croire que les évaluations imposées par le ministère visent à donner une idée, à l’instant T, du niveau global des élèves en France. Elles s’inscrivent dans une logique de l’évaluationnite continue, qui place en situation de stress et de qui-vive quasi permanent les jeunes enfants que sont des élèves de CP.
Évalutions inadaptées
Suite aux premières passations d’épreuves en septembre, beaucoup d’enseignantEs le disent, quel que soit le profil des écoles dans lesquelles ils et elles travaillent : de nombreuses fois, il y a eu des adaptations en termes de temps, de données des consignes afin que le sentiment d’échec soit si possible évité. Souvent, les épreuves sont caractérisées comme inadaptées et déconnectées du travail réel fait en classe au quotidien.
Et de fait, penser que la pédagogie de l’enseignantE dans sa classe peut être télécommandée par le ministère via des évaluations nationales montre, au-delà d’une méconnaissance des processus d’assimilation des savoirs, une volonté de prise en main managériale des personnels dès le premier degré, alors qu’ils n’ont pas de hiérarchie, au quotidien, sur leur lieu de travail.
Alors que la deuxième session arrive et que nombre de consignes syndicales appellent à ne pas faire passer les évaluations, il est essentiel de démonter leur instrumentalisation politique.
Contre la remise en cause de la liberté pédagogique
Ces pilotages de l’école ne poussent qu’à l’anxiété, au bachotage et la sélection de plus en plus précoce. De même, l’obsession des performances et des résultats comparés produit des savoirs étriqués, ignore la contextualisation des processus d’apprentissage, et les résultats des évaluations serviront d’alibis pour modifier les programmes de maternelle, faire adopter le salaire au mérite et/ou mettre en concurrence les écoles.
La liberté pédagogique n’est pas un supplément d’âme des enseignantEs, mais au contraire la possibilité d’indépendance du savoir et de sa transmission par rapport aux différents gouvernements. Le gouvernement rêverait de faire des enseignantEs de simples exécutants mettant en application des méthodes pédagogiques « clé en main ». C’est d’ailleurs bien la logique qui a présidé à la casse de la formation des enseignantEs et à la future casse de leur statut. À quoi bon les former s’ils ne deviennent que de simples exécutants ? S’appuyant de plus en plus sur les neurosciences, le gouvernement Macron met en place des méthodes pédagogiques qui, loin de donner les moyens aux enfants d’accéder à la culture, au sens critique et à l’épanouissement, feront d’eux une main-d’œuvre docile et « employable » rapidement sur le marché du travail.
Pas d’évaluation mais des moyens pour l’éducation !
Tout le monde le sait : pour une éducation de qualité, il faut des moyens. Réduire les effectifs dans les classes pour permettre aux enseignantEs de s’occuper de chaque élève. Réduire le temps des enseignantEs devant les élèves pour leur permettre de mieux concevoir leur enseignement. Mais c’est clairement la logique inverse qui s’applique : baisse du nombre de postes au concours de l’enseignement, fermetures de classes, baisses des dotations horaires globales, augmentation des heures sup obligatoires pour les profs du secondaire… Ça suffit ! L’augmentation des salaires, des embauches massives d’enseignantEs : voilà les revendications que nous devons imposer. Pour cela, pas d’autre solution : construisons une grève de toute l’éducation ! Une journée de grève est appelée le 24 janvier. Il faut s’en saisir pour nous réunir et organiser un réel plan d’action pour l’éducation.
Denise Sarraute et Juliette Stein