Le 12 mars dernier, trois enseignantEs du lycée Joseph-Desfontaines de Melle, Cécile, Aladin et Sylvie, étaient suspendus pour quatre mois. En cause ? Leur engagement lors de la grève contre les épreuves du bac Blanquer, les fameuses E3C. Sept mois plus tard, l’acharnement se poursuit et une quatrième collègue est à son tour inquiétée.
En janvier et février derniers, un vent de révolte se levait contre l’organisation catastrophique d’un bac au rabais, faisant suite aux mobilisations de l’année passée contre la réforme du bac. De nombreux lycées étaient bloqués par les lycéenEs, avec le soutien des personnels en grève. Face à cette mobilisation, le ministère n’a eu qu’une réponse : l’envoi de la police, avec des interventions particulièrement violentes.
Le 3 février, à Melle, cet acharnement à faire passer les épreuves conduisait la direction du lycée à enfermer les élèves dans des salles, mettant des sangles aux portes, des cadenas aux fenêtres, allant jusqu’à couper les alarmes incendie en donnant comme consigne de ne pas évacuer les élèves en cas d’incident !
« Logique de combat contre la réforme et contre la hiérarchie »
Aujourd’hui, non seulement la direction du lycée n’a jamais été condamnée pour cette mise en danger des élèves, mais ce sont nos collègues qui sont poursuiviEs par la hiérarchie. En juillet dernier, le rectorat annonçait, en dehors de tout cadre légal, le renouvellement de la mise à pied des collègues pour quatre mois supplémentaires. Puis, en septembre, on apprenait que c’était non plus trois, mais quatre enseignantEs, qui étaient convoqués en CAPA disciplinaire ! Pire encore, après consultation de leur dossier administratif, les collègues ont découvert que « l’enquête administrative » diligentée par le rectorat se conclut en expliquant que les collègues « doivent être déplacés car ils restent dans leur logique de combat contre la réforme et contre la hiérarchie » !
En voulant sanctionner les 4 de Melle, le ministère Blanquer cherche à faire taire toute contestation contre ses réformes. Après la grève contre les épreuves E3C, c’est une vague répressive sans précédent qui s’est abattue dans le secteur. Dans au moins 12 académies, comme à Clermont-Ferrand, Cahors, Bordeaux, Montauban, Strasbourg, Montbrison… des collègues ont été inquiétés et menacés de sanctions disciplinaires. À cela s’ajoutent les convocations policières et poursuites judiciaires contre les personnels mobilisés au cours de la grève interprofessionnelle de décembre dernier, comme à Nancy, Aubervilliers…
Politique autoritaire du gouvernement
Cette vague répressive dans le secteur est l’expression de la politique autoritaire du gouvernement Macron contre toutes celles et ceux qui relèvent la tête contre sa politique et contre le patronat.
C’est ce qu’ont compris les 4 de Melle et le comité de soutien qui s’est formé autour d’eux. Pour stopper la répression, il ne suffira pas de se battre au cas par cas, mais de construire un mouvement d’ensemble pour faire reculer le gouvernement. C’est pourquoi, d’emblée, les 4 de Melle ont construit leur mobilisation comme une mobilisation nationale, pour l’ensemble du secteur de l’éducation, et en tissant plus largement des liens au niveau interprofessionnel. Ce sont ces liens tissés avec d’autres secteurs qui ont permis de construire le meeting interprofessionnel contre la répression du 16 septembre dernier.
Cette politique a permis également d’obliger les directions syndicales à prendre position clairement. Pour la première fois dans l’éducation nationale, une intersyndicale nationale CGT Éduc – FNEC-FP-FO – SNES-FSU – SUD Éducation appelle les personnels à participer au rassemblement organisé le 12 octobre. Une intersyndicale nationale Fonction publique (CGT, FO, FSU, Solidaires) appelle également à participer au rassemblement. Dans plusieurs académies et départements, des intersyndicales appellent clairement à la grève, comme à Poitiers, en Isère…
Le 12 octobre, nous serons donc nombreux et nombreuses à monter à Poitiers pour soutenir nos quatre collègues, et dire non à la répression !