La crise sanitaire a mis en lumière l’utilité sociale de professions qui se sont retrouvées en « première ligne » dans la vente, la manutention, l’accompagnement des personnes âgées… métiers pour lesquels des jeunes se forment en lycée professionnel. Et pourtant le gouvernement accentue sa politique de casse de l’enseignement professionnel public.
Le pouvoir a fait le choix de fragiliser encore plus les lycées professionnels (LP) qui scolarisent massivement la jeunesse des milieux populaires, issue des zones rurales ou des quartiers défavorisés.
Élèves de seconde zone
La poursuite à marche forcée de la « transformation de la voie professionnelle » est un rouleau compresseur qui va accentuer le tri social dans les LP. La disparition de fait du BEP, la diminution des heures d’enseignement en particulier pour les matières générales fragilisent la scolarité des élèves les plus en difficulté. Depuis des années, les gouvernements successifs prétendent revaloriser l’enseignement professionnel alors qu’ils font l’inverse : les élèves avaient perdu 692 heures d’enseignement pro en 2009 du fait du passage du Bac pro de quatre à trois ans. Avec la réforme en cours ce sont 292 heures supplémntaires qu’elles et ils perdent. Cette réforme leur fait perdre 1/3 des heures de français et histoire-géographie, presque autant en langues vivantes en bac pro et la moitié des heures en CAP. Autant dire qu’elle renforce leur assignation à la situation d’élèves de seconde zone avant de les condamner à des postes subalternes avec de grandes difficultés pour s’inscrire dans des évolutions professionnelles ultérieures.
Pour la rentrée, c’est la suppression de centaines de postes d’enseignantEs qui est annoncée car cette contre-réforme de la voie pro est aussi là pour faire faire des « économies » à l’État. Il faut ajouter à cela une sous-dotation généralisée des LP en heures d’enseignement qui ne permettra même pas d’assurer auprès des élèves les horaires inscrits dans les textes réglementaires !
S’opposer à ces logiques
Cette casse de l’enseignement pro est renforcée par la mise en œuvre de la loi Pénicaud de 2018 dite de « liberté de choisir son avenir professionnel » (sic). En modifiant l’affectation de la taxe d’apprentissage, la loi permet d’assécher le financement en équipement de l’enseignement professionnel et technologique. En 2021, les lycées pros et technologiques ne vont toucher que 28 millions d’euros alors qu’ils percevaient 50 millions avant la réforme, sans aucune compensation de l’État ou des régions. Le gros de la taxe (87 %) va désormais directement à l’apprentissage. L’objectif est clair : on déshabille le service public au profit d’un apprentissage confié à la responsabilité des entreprises… Apprentissage qui a par ailleurs bénéficié en raison de la pandémie de plus d’un milliard d’euros débloqué par l’État ! Tout est mis en place pour offrir au patronat encore plus de main-d’œuvre peu coûteuse et corvéable à merci.
L’heure est donc à créer les conditions d’une mobilisation pour s’opposer à ces logiques. Remobilisation nécessaire des personnels qui en 2019 s’étaient massivement mis en grève pour dire leur refus de ces contre-réformes. Mais aussi mobilisation de la jeunesse qui a d’autres aspirations que l’avenir que veulent lui imposer le gouvernement et le patronat.