La partie concernant l’école du discours du candidat Macron, jeudi 17 mars, ne s’adressait pas aux enseignantEs. Au contraire, Macron a surfé sur le « prof bashing » pour faire accepter son projet libéral, dans la droite ligne de son mandat actuel. Ce projet a été décliné sous la forme de trois leviers qui sont autant d’attaques envers les personnels.
La méthode que Macron applique est celle des différents dirigeants (de droite comme de gauche) depuis 40 ans. D’abord, il a continué à assécher les services publics en moyens matériels et humains. Ce qui provoque la colère des usagerEs face à des services dégradés. Il nous fait accepter son projet de remodeler l’école pour qu’elle corresponde aux besoins actuels du patronat, avec d’une part des employéEs très qualifiés, mais sous-diplômés, et d’autre part des employéEs uberisés, corvéables à merci pour un salaire de misère. Ce faisant, il souhaite introduire une part encore plus importante de personnels contractuels au détriment des fonctionnaires pour réduire la « masse salariale » (et augmenter le contrôle et le renvoi des enseignantEs récalcitrants) et, « en même temps », créer de nouveaux marchés (l’orientation, l’aide aux devoirs, la formation des enseignantEs…).
Des salaires au mérite : « Haro sur le baudet »
Macron a annoncé sa volonté d’augmenter les salaires, gelés globalement depuis 2011, mais pas pour touTEs. Il veut introduire une part de rémunération « au mérite » pour de « nouvelles missions » : remplacement des collègues absents, aide personnalisée, etc. C’est le « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy.
Macron va au-delà de Sarkozy : comment et par qui est jugé le « mérite » des personnels ? Et sur quels critères ? À la lumière des cinq années de Blanquer, le « mérite » va se transformer en une caporalisation des personnels. En réalité, cette mesure cherche à camoufler les besoins immenses et urgents de personnels dans les établissements scolaires.
Recrutement individualisé : discrimination négative à l’embauche
Le deuxième levier macroniste agirait sur le recrutement. Macron veut donner plus d’autonomie aux établissements pour recruter des personnels contractuels. Il s’appuie sur l’expérience menée à Marseille, malgré le refus d’un grand nombre d’écoles et établissements. Ce levier accompagne la « fin » (ou la diminution importante de postes) du CAPES. Il s’agit, là encore, de diminuer la « masse salariale » des fonctionnaires (comme cela s’est vu à La Poste ou à France Telecom). Cette mesure plait aux chefs d’établissement, qui pourront enfin recruter des « bons » enseignantEs (de leur point de vue). Mais en réalité, seules les « meilleures » écoles auront le choix de leurs personnels. Les autres recruteront celles et ceux qui veulent bien y aller.
Transparence : la réussite scolaire n’est pas pour les pauvres
Le troisième levier est celui de la « transparence » : la mise en concurrence des profEs entre eux. Macron s’attire les grâces des parents d’élèves en leur promettant une obligation de résultat. Ce qui est impossible à réaliser objectivement.
Macron joue la carte de la concurrence entre les établissements, dont la finalité est la généralisation de l’enseignement privé, qui garantira (sur le papier) la réussite scolaire. Macron se donne les moyens d’en finir avec l’école publique, au profit d’une école à plusieurs vitesses, et où ne s’en sortent que les enfants dont les parents ont une stratégie scolaire. Il s’agit donc d’exclure de fait les pauvres des circuits de réussite scolaire.
La suite de son programme n’est qu’une liste de mesures insignifiantes voire risibles. Après avoir siphonné les maths, voilà qu’il veut les remettre dans le tronc commun au lycée. Il entérine qu’il n’y a que deux types de bac : le bac avec des maths (qui autorise un large choix d’études supérieures) et le bac sans maths.
Macron parle d’augmenter la durée de sport à l’école, mais sans augmenter le temps scolaire, cela se fera donc au détriment des autres enseignements. Là encore, il s’agit de rendre impossible la poursuite d’études pour celles et ceux qui n’ont pas les moyens (financiers, familliaux…) d’apprendre en dehors de l’école.
La guerre ne fait que commencer
Si on espère touTEs que Blanquer va dégager, on sait, en revanche, qu’un autre clone libéral aura toujours pour objectif la destruction de l’école publique. Nous devons dès maintenant nous préparer aux batailles qui nous attendent.