Depuis plusieurs années, l’école publique n’a cessé de prendre des coups : offensives idéologiques de la droite sur l’échec scolaire, violence, retour de la « syllabique » (qui serait seule capable d’amener les enfants à aimer lire), fin de la scolarisation des tout-petits, promotion de l’apprentissage, édition de « nouveaux programmes », jusqu’à l’intervention directe à l’Assemblée des catholiques conservateurs contre le programme de SVT (lire ci-dessus). Offensives physiques sur les postes, précarisation des personnels, fin de la rémunération de la formation, heures supplémentaires obligatoires, primes au mérite, et jusqu’aux tentatives d’abandon des concours de la fonction publique. Sans compter le fichage informatisé des enfants, le « livret de compétences » qui n’a rien de personnel puisque tout le monde y accèdera, même les futurs employeurs...
Désormais, tout le monde a vu et compris la dégradation des conditions de vie de l’école publique.Tout le monde a pu constater que, même avec davantage de diplômes, les jeunes n’arrivent plus à obtenir des salaires décents et stables. Pendant que banquiers et patrons continuent de se goinfrer, toute la fonction publique – territoires, santé et éducation – peine à boucler un fonctionnement de plus en plus impossible. Tous ont constaté que les fiches de paye des fonctionnaires restent identiques alors que le coût de la nourriture et celui du logement s’envolent de manière délirante.
Et là, il faudrait rentrer avec des leçons de morale ? Alors que tous les assistants précaires ne seront pas renouvelés, que dans tous les établissements, les classes sont bourrées à bloc au mépris des condition de vie des enfants et des jeunes, que les « options rares » des lycées seront désormais assurées par des logiciels et non par des profs, que les maternelles refusent désormais parfois des enfants de plus de trois ans, faute de place, et que les « remplaçants » sont recrutés sans aucune formation pédagogique ni disciplinaire...
La première leçon de morale à diffuser partout désormais, c’est de promouvoir la résistance à l’injustice et à l’oppression, pour que l’indignation qui nous anime prenne forme et change la donne.
Dans de nombreux départements, il y a déjà des dates d’assemblées générales, pour discuter de l’appel à la grève du 27 septembre, qui ne doit pas être une journée sans lendemain. Tout le monde a constaté à quel point ces « journées d’action », lorsqu’elles ne sont pas intégrées dans un plan de mobilisation cohérent, ne permettent pas de gagner quoi que ce soit.
L’école publique, de la maternelle à l’université, est notre bien commun et ce n’est pas aux enseignants seuls de la défendre. Elle a progressé, tout au long du xxe siècle, grâce à l’implication de tous, et nous avons besoin de l’énergie de tous pour la défendre.
Nous devons, en AG, en réunion avec les parents, en réunion syndicale, quel que soit notre statut, défendre le 27 septembre comme le tremplin d’une mobilisation plus large, impliquant au-delà des personnels de l’Éducation nationale.
Véronique Decker