La situation en Seine-Maritime
Lors du CHSCT départemental de Seine-Maritime du 7 mai, les éluEs FSU et CGT ont déposé un droit d’alerte pointant la dangerosité de la reprise de la scolarisation des élèves du premier degré dans les écoles. Dans l’agglomération rouennaise, très peu de maires ont de toute façon annoncé la réouverture des écoles pour le 12 mai. Les municipalités PCF d'Oissel et de Saint-Etienne-du-Rouvray ont annoncé qu’il était impossible d’ouvrir avant le 25 mai au mieux. À Rouen même, elles ne rouvriront que le 25 mai… et uniquement les écoles élémentaires (ce ne sera que le 9 juin pour les écoles maternelles). Morin - le président de la région Normandie – a annoncé une fermeture des lycées jusqu’en septembre. Par contre, pour les collèges, comme on est dans un département « vert », ça s’affole pour la reprise le 18. Dans ces établissements, les agentEs et les AED (assistantEs d'éducation) sont appeléEs à retourner bosser dès ce lundi alors que les masques (modèles « grand public ») ne sont pas arrivés à ce jour (à moins qu'ils arrivent lundi à 8h !), les produits de nettoyage virucides imposés par le protocole sanitaire non plus… Dans certains collèges, ils n’ont été commandés qu’avant-hier !
Y aller ou pas dans ces conditions ?
CertainEs agentEs des collèges discutent d’exercer leur droit de retrait lundi si les masques ne sont pas fournis par l’employeur. Côté profs, les réunions en visioconférence organisées par les principaux se succèdent pour organiser la reprise. Certes, certains chefs d’établissements affirment qu’ils n’ouvriront pas aux élèves le 18 en l'absence de masques en quantité suffisante pour les profs et les élèves. Il n'empêche qu'on commence à voir apparaître les plans de reprise… qui vont transformer les collèges en zones de regroupements de personnels et d’élèves mais qui n’auront rien à voir avec des établissements scolaires ! Par exemple, dans un collège de la banlieue rouennaise située en éducation prioritaire, les élèves de 6ème et 5ème seraient diviséEs en deux groupes, l’un l’après-midi, l’autre le matin, sur une semaine. Les élèves resteraient dans la même salle, y compris pour les sciences et la musique… Pas de vraie récré, pas de cantine, pas de cours le mercredi, des plages de 3 heures décalées pour espacer les arrivées, pas d’accès aux manuels scolaires… Le vrai bonheur pédagogique quoi ! Dans un autre collège du secteur, les profs d’art plastiques et d’EPS sont invitéEs à continuer le distanciel ou à venir pour « filer un coup de main aux autres » mais pas dans leur matière… Ben voyons ! Sans oublier les coups de pression de la DSDEN concernant les collègues qui ont des enfants, comme quoi ils/elles devraient revenir taffer puisque leurs enfants seraient accueillis en prioritaire…
Des résistances bienvenues
Heureusement, le rappel sur ce qui est ressorti du CTM de mardi dernier puis du CHSCT national du 7 mai va permettre de calmer les ardeurs des chefaillons sur ce point au moins jusqu’au 2 juin. Un front uni syndical académique FO, CGT, FSU, Sud Éducation continue de s’opposer à ces conditions de reprise inacceptables. Cela s'inscrit dans la foulée de la pétition élaborée en commun avec la FCPE « Pas de test, pas de masque, pas de reprise » et qui a été massivement signée (près de 15 000 signatures à ce jour). De fait, seule une toute petite minorité de parents d’élèves se disent prêts à rescolariser leurs enfants à l’heure actuelle. Une assemblée (dématérialisée) des personnels de l'Éducation agglo de Rouen a eu lieu lundi 4 mai, qui a rassemblé une vingtaine de collègues, tous et toutes combatifEs, et un appel à une nouvelle assemblée est lancé pour mercredi 13. On y a discuté, en lien avec l’intersyndicale, d’un rassemblement devant le rectorat ou l’inspection académique la semaine prochaine (en faisant des groupes de 10 personnes, en respectant les gestes barrière), mais aussi de donner dès lundi 11 des coups de main aux collègues du 1er degré qui voudraient exercer leur droit de retrait ou se mettre en grève. La bataille contre une reprise de l’école à marche forcée - dangereuse sur le plan sanitaire et traumatisante au vu de la réalité qu’elle va recouvrir - est lancée dans l’agglomération rouennaise.