Suite à un incident survenu dans l’établissement, les personnels du collège Jean Moulin de Sannois ont exercé leur droit de retrait ce mercredi 3 février et ont décidé de rester mobilisés ce jeudi.
Une absence de mesures sérieuses face à l’épidémie
Comme d’autres établissements, le collège avait été en grève reconductible et majoritaire à la rentrée du mois de novembre. Les personnels dénonçaient l’absence de moyens pour mettre en place un protocole sanitaire à la hauteur. Si la direction avait fini par reculer sur les mesures qui mettaient en danger les équipes enseignante et de vie scolaire, le rectorat n’avait cependant daigné ni renforcer les effectifs de personnels, ni mettre en place un accueil des élèves par demi-groupes.
La dotation globale pour l’an prochain, tombée en janvier, prévoit certes une petite augmentation des heures d’enseignement, preuve que la lutte n’est pas vaine. Mais cette hausse ne rattrape pas les heures supprimées ces dernières années et elle ne répond pas au véritable besoin, le classement en réseau d’éducation prioritaire. Convaincue que la lutte commence à payer, mais que le résultat est loin d’être à la hauteur, l’équipe a été en grève majoritaire le 26 janvier. Elle s’est jointe aux établissements du Val d’Oise rassemblés devant la direction académique, puis à la manifestation parisienne.
Une situation de danger sanitaire et de tensions
Depuis le mois de novembre, les exigences immédiates sont soit un accueil alterné des élèves, soit une augmentation des effectifs d’enseignement et de vie scolaire. Malheureusement, les faits ont démontré la justesse de ces revendications.
Alors qu’une classe compte désormais cinq cas d’élèves testés positivement au coronavirus, c’est l’ensemble de l’équipe de surveillants et surveillantes qui a dû être mise à l’isolement pour toute la semaine ! Mais le rectorat refuse jusqu’à présent la moindre fermeture de classe.
En réalité, la fermeture de la vie scolaire aurait même dû mener à celle de l’établissement tout entier, surtout alors que des agressions d’élèves et de violentes tensions sont survenues chaque matin depuis la semaine dernière à l’entrée du collège.
Dès mardi après-midi, sachant que la surveillance dans l’établissement ne serait assurée ce mercredi matin que par deux adultes, le CPE et une assistante d’éducation détachée par le rectorat, l’équipe pédagogique a demandé au chef d’établissement de banaliser les cours pour le reste de la semaine... Ce qui a été refusé.
Droit de retrait et mobilisation
C’est dans ce contexte de tensions et d’anxiété, pour les élèves comme pour le personnel, qu’est survenu un incident ce mercredi matin. Un élève a diffusé du gaz lacrymogène dans un couloir, atteignant plusieurs salles de classe et les élèves qui s’y trouvaient. Un tel événement était imminent et la hiérarchie en avait été avertie !
C’est pour cela que l’ensemble des enseignants et enseignantes ont exercé leur droit de retrait à 10 heures, obtenant finalement la banalisation de la dernière heure de cours... Mais pas des journées suivantes.
La grève du 4 février s’annonce donc encore plus suivie que celle du 26 janvier, et un rassemblement aura lieu devant le collège le matin.
Le mot d’ordre est clair : pas de reprise des cours sans un retour à des effectifs de vie scolaire suffisants et la fermeture des classes comptant au moins trois cas de Covid.
Mise à jour :
La grève du jeudi 4 février a été suivie à 75 %, avec la tenue d'un rassemblement devant l'entrée du collège, en présence d'un important nombre de parents d'élèves. Beaucoup de familles ont d'ailleurs décidé de ne plus envoyer leurs enfants au collège dans les conditions de fermeture de la vie scolaire et de risques sanitaires accrus.
Dans la journée, le rectorat a fini par fermer la classe la plus touchée, dans laquelle le nombre de cas positifs était monté à huit ! Il en a même fermé deux autres dans la soirée. Les enseignants et enseignantes qui ont au moins l'une de ces trois classes, soit plus de la moitié de l'équipe pédagogique, doivent donc se mettre en isolement jusqu'aux vacances.
En fin de compte :
- il aura fallu un droit de retrait et une grève très majoritaire pour que la base du protocole sanitaire soit appliquée.
- moins de la moitié des cours se tiennent, mais le collège reste théoriquement ouvert. Voilà comment Blanquer peut continuer à prétendre que les établissements ne ferment pas !