Alors que plus de 110 000 étudiantEs sont toujours en attente d’une affectation sur Parcoursup, dans de nombreuses facs, les militantEs préparent la rentrée avec une campagne pour inscrire touTEs ces étudiantEs recalés par la réforme. Nous avons interrogé Barth, militant au NPA et à l’UNEF-TACLE, étudiant à Nanterre, qui nous explique les enjeux de la campagne.
Pourquoi la campagne des sans facs est-elle particulièrement importante cette année ?
En général, cette campagne a pour but d’arriver à inscrire les étudiantEs sans-facs, mais surtout montrer qu’il y a des logiques de sélection à l’œuvre à la fac. Aujourd’hui, on n’a même plus à le montrer, parce que la loi ORE acte la sélection à l’entrée de l’université. Avec cette loi, le gouvernement a tout fait pour refermer encore plus les portes de la fac, et tout faire pour inscrire le maximum d’étudiantEs, ce serait infliger une petite défaite au pouvoir. Une telle campagne peut faire repartir une dynamique sociale à la rentrée, d’autant plus qu’il y a aussi le projet de détruire la compensation avec l’arrêté licence. La rentrée risque donc d’être agitée.
Tu as parlé de l’arrêté licence : quels sont les principaux changements de cette réforme ?
L’arrêté licence, c’est un texte qui permet de cadrer les diplômes et l’ensemble des droits qui vont avec : le droit à la compensation ; le droit aux rattrapages et, selon les universités, le passage en conditionnelle quand on n’a validé qu’un seul semestre. Ce qui entre en jeu là-dedans, c’est l’idée d’une licence à la carte, ce qui pose plein de problèmes. La licence en tant que telle est conçue pour spécialiser les étudiantEs : c’est un bloc avec un certain nombre de matières qui sont cohérentes les unes avec les autres, et casser cela, cela fait perdre la valeur des diplômes. L’arrêté licence remet en cause la compensation et les rattrapages. Chaque université pourra faire ce qu’elle veut, ce qui va rendre encore plus inégalitaires les différentes universités entre elles, dans l’actuelle logique de concurrence. De plus, cela va empêcher plein d’étudiantEs de passer leurs années et de valider leurs diplômes. On remet donc en question la possibilité pour beaucoup d’obtenir un diplôme en fin d’études.
La campagne des sans-facs à Nanterre a commencé depuis quelque temps, comment cela se passe et quels sont les échos ?
Tous les jours, on tient des accueils à l’université, et les étudiantEs, de la Licence 1 au Master 2, viennent nous voir pour résoudre leurs problèmes : ils sont souvent en attente et sans affectation. L’idée est de les unir en leur disant qu’en installant un rapport de forces suffisamment conséquent avec l’administration, on pourra débloquer des inscriptions. Il faut visibiliser cette question via une large campagne pour démontrer les mensonges du gouvernement, qui disait qu’avec Parcoursup, il y aurait de la place pour tout le monde.
Propos recueillis par Georges Waters