470 emplois sont en jeu dans cette entreprise qui produit des aciers fins de haute technicité pour l’automobile, l’éolien, l’exploitation pétrolière… Rachetée par le fonds britannique Greybull en 2024, elle est en redressement judiciaire depuis août.
À l’heure où notre hebdo est diffusé, le tribunal de commerce de Strasbourg aura très probablement décidé, le 12 novembre, de sa liquidation. Quelle humiliation pour les salariéEs de devoir supplier des « apporteurs de capitaux » de les « reprendre », ces capitalistes qui disent oui, qui disent non ! Que dire de l’État macroniste qui a injecté 85 millions d’euros à la reprise en 2024 et qui ne dit rien quand Greybull n’a investi que 1,5 million sur les 90 millions d’euros annoncés, et que les sociétés de conseil se sont bien servies au passage ?
Retour à Hagondange
Au début des années 1970, 3 000 personnes qui travaillaient encore à la SAFE (Société des aciers fins de l’Est, créée par Renault en 1932 et cédée à Usinor en 1980), ancêtre de NovAsco. De rachats en restructurations, venant après les batailles perdues d’ArcelorMittal Gandrange, Florange et Hayange, c’est un sentiment de rage mais aussi d’impuissance qui prédomine dans ces ex-vallées sidérurgiques. Surfant sur l’écœurement après les promesses non tenues par Hollande (tout le monde ici se souvient du candidat-président « ennemi de la finance » sur la camionnette à Florange), le RN a fait des ravages dans les consciences...
Nationaliser et socialiser, seule vraie perspective
Le découragement pousse, ces derniers jours, une partie des salariéEs à miser davantage sur une forte prime de licenciement que sur la poursuite de la lutte pour la pérennité de l’usine par l’intérmédiaire d’une nationalisation. Si l’on peut comprendre cette attitude, force est de constater que l’impasse est totale, d’autant plus qu’en face, la possibilité de prime « extra-légale », synonyme de gros chèques, est absolument écartée. Mais d’autres, dans l’usine, appuyéEs par d’anciens cadres « retraités de la sidé », continuent de mettre en avant, comme seule issue possible, la nationalisation, considérée comme un levier légal et financier pour aller vers une SCOP ou une SCIC. Où l’on parle, ou reparle, d’autogestion...
Produire ici, imposer la maîtrise démocratique sous contrainte écologique
La France a besoin d’aciers spéciaux, on sait les fabriquer à Hagondange ! Et plutôt que d’importer du minerai, produisons avec les stocks importants de ferraille dont la Lorraine est riche, évitant ainsi leur exportation à des milliers de kilomètres. Si la production d’acier avec l’électricité est de loin la meilleure option, elle reste cependant extrêmement énergivore. Nous devons impérativement nous placer dans une optique de sobriété générale : produire tout l’acier nécessaire ici, et en produire le strict nécessaire. Il s’agit bien d’évaluer démocratiquement les besoins.
Maintenir les salaires, interdire des licenciements
Les salariéEs ne sont pas des kleenex jetables. Imposer la continuité des salaires, leur maintien intégral, sans dégressivité, rendant ainsi possible le maintien des équipes de production et des compétences collectives, devrait devenir un objectif de lutte en même temps qu’un moyen pour rendre possible l’engagement de toutes et tous. Car c’est bien une révolution qui est nécessaire dans les productions (sortie du tout-auto, de la construction…) remettant en cause radicalement le productivisme capitaliste.
Dans les mobilisations à venir, le 2 décembre notamment, ces revendications devraient être mises à l’ordre du jour.
Fernand Beckrich