« Work hard, have fun, make history » (« travailler dur, s’amuser, écrire l’histoire ») : tel est le slogan d’Amazon, la célèbre enseigne de commerce sur internet implantée en France depuis 2000. Après avoir connu des grèves importantes en Allemagne l’an dernier, c’est une autre histoire, plus sociale, qui est en train de s’y écrire.
Les milliers de salariéEs des sites de Chalon-sur-Saône, Douai, Montélimar et Saran (ce nombre est décuplé lors des fêtes de fin d’année par l’embauche d’intérimaires) étaient appelés le mercredi 11 juin dernier à la grève par une intersyndicale CGT, FO et Solidaires. Seule la CFDT reste à l’écart du mouvement... Ainsi, ce sont 250 des 950 employéEs de Saran qui ont débrayé ce jour-là. Le succès de ce mouvement a donné lieu à un nouvel appel pour le vendredi 20 juin qui s’est traduit, sur cet entrepôt, par la participation d’une soixantaine de grévistes et, sur Chalon, par un rassemblement d’une centaine de militantEs CGT, venus soutenir une vingtaine de grévistes. Les deux autres sites, de création plus récente, n’ont eux pas été touchés par la grève.
Une colère pas virtuelle...Ce conflit fait suite à l’échec de la négociation salariale, et traduit une colère nouvelle au sein du personnel : en effet, seule la CGT, syndicat majoritaire, avait précédemment appelé à la grève lors de la NAO, ne réunissant alors que quelques dizaines de participantEs sur les deux établissements susvisés. Les grévistes exigent, entre autres, une augmentation de l’ensemble des salaires, le versement de l’intégralité du 13e mois pour 2014 et l’abandon de la pause unique de 30 minutes (l’immensité des entrepôts conjuguée à l’éloignement de la pointeuse font qu’une telle pause se révèle virtuelle...). Même si la direction campe sur ses positions, les grévistes ont déjà réussi, après plusieurs révélations médiatiques, à donner un visibilité aux travers du système Amazon : intérim en guise de période d’essai avant d’accéder à un CDI, division extrême des tâches, surveillance des petits chefs, pressions sur les syndicalistes, etc. C’est pourquoi ils ont prévu de reconduire leur mouvement en septembre, en ne s’interdisant rien, y compris le blocage des camions !
LDPour en savoir plus, lire l’enquête d’un journaliste infiltré dans un des entrepôts français de la marque : En Amazonie. Infiltré dans le « meilleur des mondes », Jean-Baptiste Malet, Fayard, 2013, 15 euros.