Annoncée dimanche 6 mars, la démission du directeur financier d’EDF, Thomas Piquemal, a presque totalement masqué la suppression de 8 000 emplois dont 4 200 en France prévue, sur les trois prochaines années.
EDF, c’est 160 000 salariéEs dans le monde, 67 000 en France, 19 centrales et 58 réacteurs, 84,5 % du capital détenu par l’État et 2,337 milliards d’ euros de dividendes versés en 2015...
La démission est censée alerter sur le difficultés financières du groupe, alors que les résultats annoncés pour 2015 sont plutôt bons, avec un chiffre d’affaires au niveau de 75 milliards, en hausse de 2,5 %. Certes le résultat d’exploitation est en recul de 46,4 %, soit 3,7 milliards d’euros... mais ceci est dû à une dépréciation d’actifs de 3,5 milliards d’euros.
La catastrophe sociale et environnementale
La décision de se lancer dans la construction de deux réacteurs nucléaires d’un type encore plus complexe que celui de Flamanville, au coût exorbitant et avec un financement essentiellement supporté par EDF, est au cœur de la crise de confiance. Le tout dans une situation où la crise économique persistante et la déréglementation liée à la privatisation n’en finissent pas de prolonger leurs effets.
Le prix de l’électricité suit celui des énergies fossiles comme le pétrole, le gaz naturel et surtout le charbon, dont le prix à la tonne est passé de 59,30 euros en 2014 à 39,50 aujourd’hui. En conséquence, le prix moyen de l’électricité a reculé de 10,1 % en 2015 pour atteindre 38,20 euros du mégawattheure.
Selon Jean-François Raux, ancien délégué général de l’Union française de l’électricité, organisation patronale : « Le bilan de la concurrence est catastrophique. Les prix ne couvrent pas les coûts de production du nucléaire (45 euros du mégawatt-heure) et du renouvelable (60 euros du mégawatt-heure). » Des choix politiques (privatisation) et industriels (le tout nucléaire) qui mènent droit aux catastrophes sociale et environnementale.
Des risques qui justifient largement le développement de la mobilisation engagée depuis décembre et qui pourrait rejoindre les mobilisations contre le projet de loi travail.
Robert Pelletier